VALENCIENNES (59) : Le cimetière Saint-Roch à Valenciennes
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Un petit Père Lachaise : ainsi les Valenciennois qualifient-ils avec fierté le cimetière Saint-Roch.
Et ce n’est pas par excès de zèle : ce lieu de recueillement est considéré par les férus du genre – et il y en a plus qu’on ne le pense – comme l’un des plus beaux de la région en raison du nombre de tombes singulières qu’il compte. Plus que de l’art funéraire, de l’art tout court en grande partie par le fait que dix-sept Prix de Rome sont enterrés là : Abel de Pujol, Ernest Hiolle, Henri Lemaire, Félix Desruelles (qui a réalisé plusieurs monuments de pierre claire)
Des enfants de Valenciennes majoritairement qui ont à jamais posé leur empreinte sur la ville et sur bien d’autres d’ailleurs. À l’image de Jean-Baptiste Carpeaux, auteur notamment de la façade de l’Opéra de Paris, dont la tombe, au coeur même du cimetière, attire forcément l’oeil (notre photo). Récemment restaurée, elle est surplombée du buste de celui qui, au XIXe siècle, fut le sculpteur le plus apprécié pour son audace. Mais n’oubliez pas de jeter un coup d’oeil sur la tombe de son principal rival de l’époque : Gustave Crauk, enterré avec son épouse derrière la maison du gardien. Cette sépulture remarquable, plus classique n’en est pas moins touchante.
Au détour d’une allée, vous croiserez peutêtre Yvette, passionnée du cimetière valenciennois et qui en connaît les petites histoires, les grands noms, les tombes surplombées de sculptures toutes plus belles les unes que les autres. Celle d’Henri Durre est assurément l’une des plus émouvantes. La tombe du député socialiste tué à Anzin alors qu’il venait apporter à Valenciennes la nouvelle de la fin de la guerre, le 18 octobre 1918 et dont tant de rues portent le nom, est tournée vers le carré militaire.
Des guillotinés de la Révolution
Là se trouvent des Britanniques, tombés lors du premier conflit mondial, des Américains abattus à la fin du second, des Français, bien entendu, mais aussi des Russes et un Roumain. Si vous croisez Yvette, elle vous racontera l’histoire de ces soldats prisonniers de guerre et qui moururent ici bien avant 1918, de faim et de froid, les Allemands les ayant cantonnés dans les écoles des environs, dans le plus complet dénuement. D’autres histoires, étonnantes, ont marqué le cimetière valenciennois créé en 1792 quand il était interdit d’inhumer en ville. La plus ancienne tombe est juste à l’entrée, elle date de 1797 et recèle un petit pont, comme quelques autres d’ailleurs : symbole du passage vers l’au-delà ou creux d’offrandes ? Pas de certitude.
Plus aucun doute en revanche en ce qui concerne les ossements retrouvés dans une fosse commune : il s’agissait de guillotinés de la Révolution française dont les noms sont désormais gravés dans le marbre à l’entrée, côté gauche, du cimetière. Et puis il y a l’histoire du roi des gitans, enterré là parce que ses parents y avaient leur sépulture ; la tombe de Denise Glaser qui fut la première à présenter un radio crochet à la télévision, enterrée au côté de ses parents dans le touchant carré juif Sur 7 hectares, entre les 17 000 tombes, des vies se croisent, l’histoire s’écrit.
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