Espagne - Garcia Lorca enterré aux côtés de Franco ?...

par Jean Chalvidant - LatinReporters.com, 05 avril 2007
dimanche 3 février 2008
par  Philippe Landru

Bizarre cette communication délivrée par le chercheur espagnol Miguel Caballero. Selon lui, les restes du poète Federico García Lorca se trouvent selon toute vraisemblance dans une fosse commune située entre les villages grenadins de Viznar et Alfacar, mais il serait possible qu’ils aient été transportés au Valle de los Caídos, [sépulcre pharaonique du général dictateur Francisco Franco ; ndlr], lors d’exhumations illégales réalisées entre 1945 et 1982.

Le Caudillo avait en effet voulu faire du Valle, à 50 km au nord-ouest de Madrid, un lieu de réconciliation -du moins dans la mort- et avait donné l’ordre d’y ensevelir les restes tant des combattants nationalistes que républicains de la guerre civile de 1936-1939.

Beaucoup d’informations approximatives circulent sur la mort de Lorca. Communément, il est acquis que le poète a été assassiné par les troupes franquistes, ce qui est faux. On cherche en vain dans ses écrits ou ses discours un engagement partisan, même si la majorité de ses amis artistes était de gauche. Pire, il avait été question un temps qu’il rédige les paroles du Cara al Sol, l’hymne de la Phalange, dont il admirait le chef, José Antonio, qui le lui rendait bien.

De plus, il faut savoir que ses mœurs ouvertement homosexuelles et sa manie de la provocation avaient exaspéré Grenade, cette capitale de province bigote et réactionnaire. Aussi, lorsque les franquistes se rendent maîtres de la ville, se cache-t-il chez des amis phalangistes, les frères Rosales (dont l’un, Luis, deviendra l’un des grands poètes du siècle). C’est là, calle Angulo, qu’une bande dénommée l’Escuadra negra, de tendance démocrate-chrétienne musclée, commandée par un ancien député de la CEDA (Confédération espagnole de droites autonomes), Ramón Ruiz Alonso, vient l’arrêter alors qu’il lit le journal en pyjama. Un brillant fait d’armes !

On a pu reconstituer ce qui suivit : amené au ravin de Viznar, après le chemin de la Fontaine, il est froidement passé par les armes. « On lui a mis deux balles dans le cul, à ce pédé » se vanteront ses assassins. L’accompagnent dans sa disgrâce l’instituteur boiteux de Pulianas, Dióscoro Galindo, et deux banderilleros, Joaquín Arcollas et Francisco Galadí, se professant anarchistes.

Lorca ne fut donc pas un martyr, pour quelque cause que ce soit, mais une victime. Quant au chef de la bande, Ruiz Alonso, il coula des jours paisibles jusqu’à sa mort, dans les années quatre-vingt-dix, tout comme celui qui appuya sur la gâchette, Juan Luis Trescastros Medina, par ailleurs marié à une cousine du père de Lorca. On peut donc affirmer que Federico a été tué par un membre de sa famille, sans doute pour d’obscures raisons familiales opposant les García, les Alba et les Roldán. Ces derniers, terratenientes jaloux, auraient-ils été les commanditaires du crime ? Un sac de nœuds qui aurait fait baver François Mauriac, lorsque l’on sait que Trescastros est aujourd’hui enterré dans le mausolée... des Lorca.

Depuis, périodiquement, il est question de retourner toute la terre autour du fameux ravin pour tenter d’y retrouver des dépouilles, et surtout celle du poète. A la recherche d’un symbole que certains voudraient plus politique que littéraire.
[La polémique entoure une éventuelle exhumation des restes de Federico García Lorca de la fosse commune qui pourrait les contenir avec ceux de l’instituteur Galindo et des banderilleros Arcollas et Galadí. La famille du poète s’oppose à l’exhumation, alors que les descendants de Dióscoro Galindo y de Francisco Galadí (le banderillero Arcollas n’a pas laissé de descendance) ont décidé, eux, de réclamer devant les tribunaux l’ouverture de la fosse dès que le permettra l’adoption et l’entrée en vigueur d’une loi socialiste en chantier dite de la Mémoire historique. Citée par le quotidien El Pais du 19 août 2006, Laura García Lorca, nièce du poète, considérait à ce propos que « la mémoire historique n’est ni dans les os ni dans les cendres » - ndlr].

Aujourd’hui, Caballero y va de son interprétation : étant donné que des ossements ont été ramassés entre 1945 et 1982 dans le périmètre concerné, il est possible que ceux de Lorca aient fait partie du lot, auquel cas ses restes reposeraient non loin de ceux de Franco et de José Antonio, au Valle de los Caídos. Ce qui est intellectuellement admissible, mais tout de même terriblement tiré par les cheveux. C’est là toute la différence entre les supposés chercheurs et les autres : certains émettent des hypothèses, alors que les vrais ne se basent que sur des faits, des preuves. Et en l’occurrence, faute d’ADN, que dalle !

En fait, savoir que les restes de Lorca pourrissent dans un ravin de Grenade, dans un ossuaire anonyme ou dans le Yamoussoukro franquiste a peu d’importance. Demeure son œuvre, qui dépasse heureusement l’homme très controversé et assez peu sympathique nommé Federico García Lorca.


Commentaires

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Espagne - Garcia Lorca enterré aux côtés de Franco ?...
mardi 29 avril 2014 à 22h48 - par  Uno Novillo de la Muerte

Arriba España !!!

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Espagne - Garcia Lorca enterré aux côtés de Franco ?...
mercredi 25 février 2009 à 15h24 - par  Martinagolle

je trouve votre article plus que douteux...je vous invite à vous renseigner davantage sur l’oeuvre et la personnalité de Federico Garcia Lorca avant d’affirmer des inepties concernant la mémoire du poète et de l’homme (circonstances de sa mort) Lorca est ce que nous avons de plus important en terre d’Espagne, dépassant par son eouvre même tous les clivages (esthétiques, idéologiques,politiques...) douloureux de l’histoire douloureuse de ce pays au cours du 20ème siècle. Je trouve nonobstant votre site admirable mais les remarques qui sont faites au sujet de Lorca me semblent très tendancieuses...un peu dans le voisinage dun certain obscurantisme qui a fait son temps...! cordialement à vous sylvain m. enseignant.

Site web : Lorca
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lundi 6 juillet 2009 à 14h35 - par  Sylvain Martinagolle

ok. Et bien cet article est « pura porqueria » comme on dit ! Il faut vraiment rester « vigilant » sur ces choses qui ont fait et font encore polémique en Espagne : car tous les « loups » de l’histoire ne sont pas encore morts et (sans paranoÎa aucune de ma part)on voit toujours des « ombres fascisantes » se profiler lorsqu’on évoque cette période douloureuse (guerre civile et le régime totalitaire qui a suivi), Lorca est un symbole de la liberté perdue, meurtrie en plein élan, en pleine jeunesse et créativité. Aujourd’hui, des étudiants et autres chercheurs aident, avec l’accord des familles, à l’exhumation de nombreux Républicains (simples agriculteurs, hommes du peuple sans armes à l’époque...) exécutés et mis dans des fosses improvisées par Franco. Ce travail de réhabilitation de la mémoire consiste pour ces morts et leurs familles à retrouver leur dignité auprès des leurs au cimetière et il faut voir avec quelle violence les descendants directs de l’extrême droite espagnole s’en prennent à ces messagers de justice...! Ce thème est encore très sensible et douloureux en Espagne. Cette histoire autour de Lorca a redonné à bon nombres de familles l’espoir de retrouver un jour les corps tant réclamés de leurs disparus. cordialement à vous et encore bravo pour le site ! sylvain m.

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mercredi 25 février 2009 à 19h55 - par  Marie Beleyme

Bonjour Sylvain M.

Petite précision : l’article n’est pas signé de Philippe Landru mais de Jean Chalvidant et a été publié sur le site LatinReporters.com.
Les circonstances de sa mort et les interrogations quant à l’emplacement de sa dernière demeure n’enlèvent rien aux qualités littéraires de Lorca.

Marie B.

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