ROMAINS Jules (Louis Henri Jean Farigoule : 1885-1972)

Père Lachaise - 3ème division
samedi 4 juillet 2009
par  Philippe Landru

Fils d’instituteurs, il grandit à Montmartre dans le respect de l’idéal laïque et rationaliste. Agrégé de philosophie, enseignant à son tour, il publia son premier recueil de poèmes en 1904. L’idée maîtresse de toute son oeuvre est l’unanimisme selon lequel la somme des âmes individuelles crée une âme collective régissant un groupe social, affirmant ainsi un lien quasi-mystique entre les êtres, et entre les êtres et la nature. Au théâtre également, Jules Romains s’intéresse aux chefs qui manipulent les inconscients collectifs comme dans son célèbre Knock. Son oeuvre maîtresse, Les Hommes de bonne volonté, vingt-sept volumes publiés de 1932 à 1946, est une fresque unanimiste qui suit le destin d’une multitude de personnages de 1908 à 1933, mêlant grande et petite histoire, avec en fil rouge deux protagonistes.

Engagé dans la vie politique, Jules Romains fut proche dans l’entre-deux-guerres du parti radical-socialiste, et se lia avec son chef, Édouard Daladier. Ayant soutenu le Front populaire, il milita par pacifisme pour l’amitié franco-allemande, et ce, malgré son antifascisme, après l’accession d’Hitler au pouvoir. En 1945, poussé par le général de Gaulle, soucieux de rénover l’Académie française, et encouragé par son ami Georges Duhamel, à l’époque secrétaire perpétuel, Jules Romains, qui s’apprêtait à quitter une nouvelle fois la France pour le Mexique, rédigea pour poser sa candidature une lettre dans laquelle la mention du fauteuil restait en blanc. Il fut élu en son absence en 1946 à la place laissée vacante par la destitution d’Abel Bonnard, découlant de sa condamnation en 1945 pour collaboration avec l’ennemi. Il ne rendit pas hommage à son prédécesseur. Son orientation politique le porta désormais vers un certain conservatisme, qui s’exprima dans les chroniques hebdomadaires qu’il donna à L’Aurore de 1953 à 1971 ; partisan de l’Algérie française, il mena le cartel des non contre de Gaulle au référendum de 1962.

Avec lui repose sa compagne Lise Dreyfus-Romains (1909-1997), auteur de plusieurs publications qui éclairent la vie et l’oeuvre de son époux.


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