AVON (77) : cimetière

Visité en avril 2009
vendredi 17 avril 2009
par  Philippe Landru

Le cimetière d’Avon se trouvait initialement autour de l’église Saint-Pierre. Sous Charles X, pour des raisons de place et de salubrité, il fut d’abord transféré au fond de la rue de Condé avant d’être installé en 1880 au bout du chemin des Bellingants au lieu dit « les garennes d’Avon », où il se trouve actuellement.

Curiosités

- Saluons la municipalité d’Avon qui a fait placer, à coté de chaque tombeau notable, une petite plaquette biographique. Un plan à l’entrée du cimetière présente en outre leur localisation.

- Une croix datant de 1880 marque l’existence du "nouveau cimetière".

- La tombe de Catherine Dussaut est ornée d’un médaillon en bronze par Aimé Millet.

- Plusieurs sépultures sont ornées de médaillons en bronze de Pierre Vaudrey, qui repose dans le proche cimetière de Fontainebleau.

Célébrités : les incontournables...

Aucune

... mais aussi

- Le peintre Pierre Adrien ARCHENAULT (1824-1889), dont la tombe bancale menace de s’effondrer.

- René DOMMANGE (1888-1977) : avocat de formation, il devint éditeur de musique dans le sillage de son cousin Jacques Durand, inhumé avec lui. Il entra en politique et fut élu en 1932 député de Paris. Approuvant la remise des pleins pouvoirs au maréchal Pétain, chargé de présider le Comité d’organisation des industries et commerces de la musique, il fut un collaborationniste convaincu et participa à des rencontres officielles avec des officiels nazi, notamment à un voyage de musiciens français organisé par les services de Joseph Goebbels, à Vienne, en décembre 1941. Il soutint Joseph Darnand. Membre de la Milice, il fut décoré de la francisque. La Libération mit fin à ses activités politiques. René Dommange repose dans le caveau Durand : il y fut rejoint en 1979 par son épouse, Lola Dommange, qui légua le vaste domaine hérité d’Auguste Durand à la commune d’Avon.

- L’organiste Auguste DURAND (1830-1909), qui étudia avec François Benoist et pratiqua l’orgue à Saint-Ambroise, puis à Sainte-Geneviève, Saint-Roch et Saint-Vincent de Paul. Parallèlement, il devint critique musicale et compositeur (Chaconne, Valse pour piano). Avec Louis Schönewerk, facteur de piano, il fonda la société Durand-Schönewerk & Cie en décembre 1869 et s’établit au 4, place de la Madeleine. La maison Durand devient experte dans la publication des œuvres de grands compositeurs français, mais publia également les éditions françaises des oeuvres de Richard Wagner. Avec lui repose son fils et successeur Jacques DURAND (1865-1928), qui organisa des concerts pour faire connaître la musique nouvelle. Dans le même caveau repose son cousin, René Dommange.

- Georges GURDJIEFF (1877 ?-1949) : ésotériste d’origine arménienne, au passé totalement inconnu, il recruta autour de lui à Moscou des disciples issus de l’ésotérisme qui se structurèrent en Institut pour le Développement Harmonique de l’Homme. Fuyant la révolution bolchévique, d’abord au Caucase, puis en Turquie, il s’installa finalement à Avon. Admiré par plusieurs figures, particulièrement anglo-saxonnes (dont Katherine Mansfield), il est vu par d’autres comme un énième gourou de secte. Sa tombe est bornée par deux menhirs.

- Katherine MANSFIELD (Kathleen Beauchamp : 1888-1923) : écrivaine et poètesse néo-zélandaise, proche de D.H Lawrence et de Virginia Woolf, elle puisa son inspiration tout autant de ses expériences familiales que dans ses nombreux voyages et contribua au renouvellement de la nouvelle (The Garden party, At the bay, Miss Brill...). Elle tint également toute sa vie un Journal publié après sa mort. Atteinte de la tuberculose, elle mourut dans l’Institut Gurdjieff où elle était allé chercher la guérison.

- La statuaire Blanche MORIA (1859-1926), ancienne élève de Chapu, Mercié et Chaplain, auteur de plaques en bronze d’une très grande finesse. Sa tombe, derrière le monument aux morts, est ornée d’une statue de femme en pierre.

- René NICOLY (1907-1971) : ancien chef du service des orchestres des éditions Durand, il créa durant l’Occupation les Jeunesses Musicales de France. Le projet s’inscrivait alors pleinement dans la politique de Vichy de promouvoir le répertoire français et visait également à structurer pour mieux la contrôler la jeunesse. Il fut en 1969 un éphémère directeur de l’Opéra de Paris.

-  Le peintre symboliste Carlos SCHWABE (1866-1926) qui se fixa à Barbizon. Peintre décorateur, il produisit un grand nombre de fleurs stylisées pour des papiers peints. Autodidacte doué d’une sensibilité névrotique, il ne connut aucune formation académique à l’exception de l’école des arts industriels de. Visionnaire, mystique et éminemment solitaire, il devint un des plus brillant auxiliaire du Sar Péladan. Son art du dessin et son idéalisme lui valurent de devenir un illustrateur renommé (les Fleurs du Mal, Le Rêve...). La perfection de son graphisme le situe comme un précurseur de l’Art nouveau, et comme un des symbolistes les plus personnels.

- L’abbé Camille VAYER (1881-1944), curé d’Avon, qui fonda en 1936 les « Cerfs d’Avon », société proposant une préparation militaire et des cours de gymnastique. Il fut également l’auteur d’une monographie remarquée sur Avon. Il fut assassiné le jour de la libération.


Commentaires

Logo de Christophe
Caroline DUSSAULT ET Marie SOUVESTRE
samedi 10 février 2024 à 15h39 - par  Christophe

Marie (Claire) Souvestre née le 28 avril 1835, à Brest (Finistère), de l’écrivain Émile Souvestre et d’Anne Angélique Papot. Elle fréquente la haute bourgeoisie républicaine et nombre d’artistes. Polyglotte, Marie Souvestre entretient des correspondances multiples et voyage beaucoup.

En 1865, elle crée avec celle qui est sa compagne depuis 1859, Caroline Dussault, une école d’enseignement secondaire pour les jeunes filles de familles dirigeantes ou aristocrates d’Europe et des États-Unis. L’école, appelée « Les Ruches » se trouve d’abord à Fontainebleau, puis à Avon (Seine-et-Marne).

Le cursus scolaire de l’école se fait alors sur quatre ans. La majorité des cours se font en français. On y étudie aussi les langues étrangères : anglais, allemand et l’italien. Cette école à statut privé préparera plus tard au baccalauréat, quand il sera accessible aux femmes. Marie Souvestre se charge de l’enseignement de l’histoire.

Parmi les élèves des Ruches, à Avon, on trouve, en 1882, l’écrivaine anglaise Dorothy Bussy, née Strachey, qui publiera anonymement le roman Olivia (1949), où elle relate sa passion d’alors pour la directrice de l’établissement, Mlle Julie, c’est-à-dire Marie Souvestre. Une version filmée d’Olivia sera réalisée par Jacqueline Audry en 1951, avec Edwige Feuillère dans le rôle de Mlle Julie.

Les deux femmes se séparent en 1883. Caroline Dussault devient la seule propriétaire de l’école, car elle détient les diplômes nécessaires pour enseigner en France.

Faute de posséder ces diplômes, Marie Souvestre quitte la France pour l’Angleterre et ouvre une seconde école à Wimbledon, près de Londres (Grande-Bretagne). Elle appelle cette nouvelle école Allenswood Academy. Parmi ses élèves figure notamment Eleanor Roosevelt qui deviendra une parfaite francophone, après y avoir appris le français.

Dans ces deux établissements, elle prône pour les jeunes filles l’autonomie et la réflexion, associée à l’indépendance. À l’époque, ses préceptes vont à l’encontre des valeurs de la société victorienne.

L’Américaine Natalie Barney est également élève des Ruches, pendant 18 mois (entre 1886 à 1888), non sous la direction de Caroline Dussaut, puis après le décès de celle-ci, de Gabrielle Victorine Lainé (à partir d’août 1887). L’école d’Avon ferme ses portes vers 1900.

Elle meurt le 30 mars 1905, à Wimbledon (Grande-Bretagne). Elle repose au cimetière du Père-Lachaise avec son père, l’homme de lettres Emile Souvestre (1806-1854).

Après sa mort, Marie Souvestre lègue 500 000 francs à la Société Philanthropique de Paris. Ce don permet la construction d’une ruche ouvrière modèle située rue d’Allemagne et passage de Melun à Paris (19ème). Ses anciennes élèves se réunissent alors pour fonder une bourse de 1 500 francs destinée à aider chaque année une jeune Française à faire un séjour à l’étranger.

Site web : Marie SOUVESTRE
Logo de Christophe
Caroline Dussaut
samedi 3 février 2024 à 15h48 - par  Christophe

L’un des médaillons qui figure dans la présentation du cimetière représente Caroline Dussaut qui était enseignante et compagne de Marie Souvestre, avec qui elle dirigea l’école des Ruches à Fontainebleau puis à Avon jusqu’à leur séparation en 1883. Caroline Dussaut dirige ensuite seule Les Ruches jusqu’à ce qu’elle meurt le 5 juillet 1887, probablement d’une overdose médicamenteuse. Elle est enterrée dans le cimetière d’Avon. Ce couple de pédagogues est celui que l’on retrouve dans le roman de Dorothy Bussy "Olivia", publié en Grande-Bretagne en 1949 qui connut un grand succès. Son adaptation cinématographique en 1951 par Jaqueline Audry aborde sans détour le thème de l’homosexualité féminine, présentant ses personnages sans les juger. Le film est un emblème féministe, qualifié par Brigitte Rollet dans le livre qu’elle consacre en 2015 à Audry de « force de sédition » « contre le pouvoir masculin ».

Brèves

Mise à jour et conseils aux contributeurs

samedi 29 octobre 2022

Je suis en train de remettre à jour toutes les rubriques qui listent le plus exhaustivement possible le patrimoine funéraire de tous les départements. Tous les cimetières visités par moi (ou par mes contributeurs) y sont portés, mise-à-jour des couleurs qui n’étaient pas très claires dans les versions précédentes (le noir apparaissait vert), rajout de tombes depuis les visites, photos de tombes manquantes... N’hésitez pas à les consulter pour y trouver la version la plus globale du patrimoine. Ces rubriques représentent les listes les plus complètes que l’on puisse trouver sur le net du patrimoine funéraire français.

Contrairement aux articles, vous ne pouvez pas interagir sur les rubriques : aussi, si vous avez une information nouvelle à apporter sur un département, merci de laisser votre message en indiquant clairement le département et la commune concernée sur un article dédié uniquement à cela : Le patrimoine funéraire en France : classement par départements

Merci et bonne lecture.

Qui est derrière ce site ?

vendredi 14 février 2014

Pour en savoir un peu plus sur ce site et son auteur :

- Pourquoi s’intéresser aux cimetières ?
- Pourquoi un site sur les cimetières ?
- Qui est derrière ce site ?