LE PECQ (78) : cimetière ancien
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A flanc de côteau, le cimetière du Pecq se trouve dans une petite impasse donnant sur la route qui relie St-Germain-en-Laye à la Seine, proche de l’emplacement où se trouvait jadis l’ascenseur hydrolique permettant de remonter sur la terrasse du parc du château de Saint-Germain.
C’est une petite nécropole agréable à visiter, possédant encore plusieurs tombeaux anciens. Il donne sur un magnifique panorama portant jusqu’à Paris, les tours de la Défense en toile de fond.
Curiosités
A l’entrée du cimetière, un beau plan panoramique permet de cerner la présence des monuments d’importance du cimetière.
L’étonnant mausolée de la famille hollandaise Van Drooghenboeck : une reproduction en taille réduite de la Madeleine de Paris. Elle est l’œuvre de Camille Lefèvre.
La tombe d’Henri (1845-1908) et Louise (1860-1934) Lantoine, deux agrégés de lettres qui laissèrent quelques ouvrages, en particulier de pédagogie, est ornée d’un très beau gisant recouvert d’un linceul par Crauk.
La sépulture Englert est ornée d’une statue.
Un imposant mausolée, dans la partie centrale du cimetière, fait office de caveau provisoire.
Célébrités : les incontournables...
... mais aussi
François BONVIN (1817-1887) : peintre de genre, ami de Courbet avec lequel il participa au Salon des Refusés, il fut un disciple des peintres flamands, voyageant beaucoup dans les Flandres et en Hollande. Ses thèmes, ses lumières et ses couleurs font évidemment penser aux oeuvres de ses maîtres. Il mourut aveugle. Sa tombe est ornée d’un buste en bronze par Edmond Pepin.
La journaliste et femme de lettres Micheline BOOD (1926-1980), auteure d’une biographie de Louise Colet dont elle descendait.
Félicien DAVID (1810-1876) : initié très jeune aux rudiments de la
musique par son père, mais devenu tôt orphelin, il connut une jeunesse et une adolescence difficile étant sans revenu. En 1830, il s’installa à Paris et entra au Conservatoire. Gagné à la doctrine des saint-simoniens, il écrivit pour eux des hymnes et partit en 1833, avec quelques autres apôtres, comme missionnaire de leur cause à Constantinople, à Smyrne et en haute Égypte. Reculant devant le choléra, il regagna Paris en 1835, non sans rapporter des visions colorées qu’il résolut de traduire dans ses compositions (Mélodies orientales, les Brises d’Orient), qui eurent peu de succès. En 1844, l’oratorio le Désert, où David résumait toutes ses impressions d’Orient, obtint un triomphe extraordinaire et la carrière du musicien prit vraiment son essor en France. En 1851, avec la Perle du Brésil, David s’imposa comme compositeur lyrique, et le théâtre devint son domaine de prédilection : il obtint plusieurs nouveaux triomphes, notamment, en 1862, avec Lalla Roukh d’après Thomas Moore. Il succéda à Berlioz comme bibliothécaire au Conservatoire, puis à un fauteuil de l’Institut, en 1869. Il eut une énorme influence sur toute l’école française du tournant du siècle.
Son tombeau, un gigantesque mausolée érigé par souscription nationale, fut construit en 1878 sur le projet de l’architecte Eugène Millet. La plate-forme entre les colonnes devait recevoir la figure de la muse Euterpe tenant le médaillon du maître, statue dont Chapu était chargé, mais non réalisée faute de ressources. Ce dernier exécuta toutefois en 1893 un bas-relief. La sculpture ornementale est due au sculpteur Corbel.
Louis DELAGE (1874-1947) : ingénieur des Arts et Métiers, il créa en 1905, après avoir travaillé pour plusieurs constructeurs, dont Peugeot, sa propre société de construction automobile, Delage et Cie. Les succès s’enchaînèrent, même si les voitures Delage n’atteignirent pas le grand public en raison de leur positionnement haut de gamme (tourisme ou sportives), qui les réservait à une clientèle plutôt fortunée. L’entreprise comprit, à son apogée en 1930, 3 000 personnes. Malheureusement, cet âge d’or fut de courte durée. La pression de la concurrence - en particulier celle d’André Citroën – et la grande crise de 1929 ; la volonté de ne pas prendre le virage de la très grande série, firent que l’entreprise Delage fut absorbée en 1935 par Delahaye. Des voitures au nom de Delage furent néanmoins construites jusqu’en 1952, et elles remportèrent de nombreuses compétitions entre 1906 à 1949.
La peintre Gladys ENQUIN (1938-2012).
Le peintre paysagiste Marie-Ferdinand JACOMIN (1844-1902), inhumé dans la même sépulture que François Bonvin.
Le philosophe marxiste Georges LABICA (1930-2009) : membre du PCF de 1954 à 1981, il chercha toute sa vie à rassembler les marxismes éparpillés et à fournir des armes théoriques aux révoltes politiques contre l’ordre établi, qu’il a accompagnées et imaginées jusqu’à la fin de sa vie. Militant des causes anticolonialistes et anti-impérialistes, il a enseigné la philosophie politique à l’université de Paris-X Nanterre et fut l’auteur de nombreux ouvrages d’histoire de la théorie marxiste, dont en 1982 le Dictionnaire critique du marxisme.
Adolphe RIBBING de LEUVEN (1802-1884) : ami d’Alexandre Dumas, avec lequel composa ses premiers écrits, il fut nommé directeur de l’Opéra comique. Il fut l’auteur de nombreux opéras, vaudevilles et livrets, dont celui du Postillon de Longjumeau qu’Adam mit en musique. Il légua à Dumas sa propriété de Champflour à Marly-le-Roi.
Alexandre LUNOIS (1866-1933) : peintre et graveur, il illustra Gautier et Andersen. Le buste qui ornait sa tombe a disparu.
Sur la partie haute du cimetière, immédiatement à l’entrée, se dressent deux opulentes chapelles : ce sont celles des familles de Pierre (+1860) et de son frère Guillaume (1794-1866) PARISSOT, petits merciers de La Cité qui établirent quai aux Fleurs, en 1824, un commerce de vêtements confectionnés et vendus à prix fixe : la Belle jardinière. Le magasin, qui s’agrandit peu à peu, devint une SA en 1930. La maison ne modifia jamais son objet primitif, étant le seul grand magasin parisien à n’avoir conservé qu’une activité bien déterminée. Le concept de magasin proposant de la confection finie et en série, à un prix adapté à la nouvelle clientèle des classes moyennes, connut un grand succès et le petit magasin de 1824 fut à l’origine d’une des premières chaînes fonctionnant en franchise. La chapelle de gauche (celle de Pierre) est ornée d’une plaque en bronze où figure son médaillon par Charles Cauchoix « offerte par les employés et ouvriers », celle de Guillaume, à droite, contient un buste en marbre.
Le poète et écrivain Jean ROUSSELOT (1913-2004) : commissaire de police, il
mena durant la guerre une action de poète-résistant : poèmes, tracts, faux papiers…
Il démissionna en 1946 de la Sûreté nationale et décida de vivre de sa plume. De 1946 à 1973, Jean Rousselot publia trente plaquettes ou volumes de poèmes. Il donna également une vingtaine de pièces pour la radio. Il fut aussi auteur d’une vingtaine d’essais, de six recueils de contes et nouvelles, de huit ouvrages d’histoire, ou vies romancées, de onze romans. Parallèlement, il continue à mener de front son travail de poète, d’écrivain, de critique. En 1971, il devient Président de la Société des gens de lettres. En 1975, Jean Rousselot participa à la refondation de l’Académie Mallarmé.
L’architecte Marcellin VARCOLLIER (1829-1895), ancien élève de Baltard et de Labrouste, qui fut l’un des artisans de la politique urbanistique de Napoléon III. A Paris, il fut l’auteur de la mairie du XVIIIe arrondissement et de la synagogue de la rue des Tournelles.
Merci à Nicolas Badin pour les photos Rousselot, Enquin et Labica.
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