Patrimoine funéraire du Tarn (81)

mercredi 31 décembre 2008
par  Philippe Landru

Ils ont connu leur heure de gloire. Si certains sont passés à la postérité, comme Jaurès ou Louisa Paulin, d’autres sont quelque peu tombés dans l’oubli. En ce jour où l’on fête les Défunts, nous vous guidons sur la tombe de quelques grands Tarnais. Bien sûr, nous ne pouvions être exhaustifs. Nous avons choisi d’évoquer des destins parfois étonnants, comme celui de Danielle Gaubert. Cette jeune première du cinéma des années 60 qui épousa le champion de ski Jean-Claude Killy, repose dans un minuscule cimetière de Curvalle. C’est à Lavaur qu’et enterré le dernier des Mamelucks. Moïse Zumero, cavalier d’escadron de la garde napoléonienne, suivit Bonaparte en exil à l’île d’Elbe. On appelle cela la fidélité.

Ici et là, des associations contribuent à entretenir la flamme du souvenir de ces célébrités, comme à Andillac, où le romantisme d’Eugénie et Maurice de Guérin flotte toujours au-dessus du charmant village et jusqu’au château de Cayla. Tant il est vrai que « le plus beau tombeau des morts est le cœur des vivants ».


Albi : le cénotaphe de Jean Jaurès

Né à Castres en 1859, le plus célèbre homme politique tarnais a laissé une empreinte indélébile à Carmaux, dont il fut le député. Assassiné le 31 juillet 1914 à Paris, à la veille de la déclaration de guerre, son corps fut rapatrié à Albi le lendemain. Il fut inhumé au cimetière des Planques où la ville d’Albi fit construire un monument. Jaurès y reposa jusqu’au 21 novembre 1924, date du transfert de sa dépouille au Panthéon. Le cénotaphe de Jaurès reste un lieu de mémoire incontournable pour tous les admirateurs de sa pensée.


A Lavaur repose le dernier mameluck

Vétéran de la grande armée de Bonaparte, Moïse Zumero est le dernier des mamelucks, ces cavaliers d’escadron de la garde napoléonienne, à mourir sur le sol français. De son vrai nom Moussa Zumero Al’Goussa, il est issu d’une famille catholique orthodoxe qui, persécutée par les Ottomans, se réfugie à Jaffa. Son père y devient un riche commerçant. Quand la ville est prise par les Français le 7 mars 1799, plusieurs membres de sa famille sont tués. Malgré tout, père et fils rejoignent l’armée française au Caire. Moïse est incorporé comme trompette dans la troupe à cheval de la garde consulaire. Réformé en 1804 pour son jeune âge, il persévère et finit par intégrer la cavalerie de la Garde impériale. Il est des conquêtes espagnoles, puis à Wagram. Courageux, il reçoit la Légion d’Honneur le 29 mai 1854, avec la médaille de Sainte-Hélène. Lors de la campagne de Russie il a les pieds gelés. Il est soigné par le grand chirurgien Larrey. Amputé de plusieurs orteils il continua de figurer aux autres campagnes, jusqu’à Waterloo. En 1825, Moïse entre dans l’administration des Postes et commence une nouvelle vie. Il retourna à Lavaur pour sa retraite où il mourut le 9 mai 1873. La municipalité lui rendit les honneurs deux jours plus tard. R. B.


Andillac : Maurice et Eugénie de Guérin, les éternels romantiques

« On ne soupçonne pas la place que tient le souvenir de Maurice et d’Eugénie de Guérin non seulement dans les lettres, mais aussi dans les cœurs. Un véritable culte est célébré et se manifeste, même très loin hors de France, entretenu par les amitiés guériniennes et le pélerinage annuel auprès de la double tombe d’Andillac... », écrivait le Dr Louis Devoisins, ancien maire d’Albi, dans son livre consacré aux écrivains et artistes célèbres du Tarn. Né en 1810 au Château du Cayla, Maurice de Guérin, révélé par George Sand, a laissé quelques-uns des plus beaux textes de prose poétique du romantisme : citons « Le Centaure » et « La Bacchante ». Monté à Paris, ses expériences mondaines ruinèrent sa santé. Il revint sur sa terre natale pour y mourir, emporté par la phtisie à 29 ans. Fort dévote, sa sœur Eugénie (1805-1848) écrivit à l’intention de son frère un « Journal » qui constitue avec sa correspondance un document pour connaître la mentalité et la vie tarnaises au XIXe siècle. Le château du Cayla est devenu un musée dédié à leur souvenir.


Ces « saintes » que l’on vénère à Castres

Elles sont toujours très fleuries et des mains anonymes viennent parfois y déposer des ex-voto ou des vœux. Au cimetière Saint-Roch à Castres, la tombe de la carmélite sœur Marie-Bernard, morte en 1935 et à Notre-Dame de Rufis à Montredon Labessonnié celle de Béatrice, font l’objet de très nombreuses attentions. On leur prête des pouvoirs étranges et elles suscitent des légendes : lors d’une exhumation de leur corps, on les aurait retrouvées intactes, en robe blanche et en odeur de sainteté...


Ils protègent Saint-Roch

Depuis 2003, l’association des Amis de Saint-Roch à Castres s’est donné pour mission de mettre en valeur l’énorme patrimoine que contient le principal cimetière castrais.

Une tâche énorme qui est passée par l’édition de plusieurs guides « pratiques » afin de naviguer dans ces lieux ces lieux de mémoire comme un véritable voyage dans le temps. A Saint-Roch, on peut en effet retrouver trace de grands artistes tels Briguiboul, Batut ou Valette mais aussi les sépultures des grandes familles du textile (Lecamus, Pélissier, Lasbordes), avocats , médecins ou militaires ...etc.

L’association vient en plus d’éditer un guide des églises et cimetières ruraux de la commune.


Danielle Gaubert fait revivre Nègremont à Curvalle

Dans Les régates de San Francisco de Claude Autant-Lara en 1959, cette brune de 16 ans incarne une adolescente découvrant l’amour. Boudée par les réalisateurs de la Nouvelle vague, la carrière de l’actrice tourne court. Sa vie fut un roman : Danielle Gaubert fut trois ans mariée avec Radhamès Léonidas Trujillo, fils de l’ex-dictateur de la République Dominicaine, à qui elle fit deux enfants. Elle épouse Jean-Claude Killy, le triple champion olympique des jeux de Grenoble, rencontré en 1970 lors du tournage de Snow job, 28 secondes pour un hold-up. Un cancer la fauche prématurément à 44 ans, le 3 novembre 1987, il y aura 21 ans demain. Mais son histoire se prolonge, par-delà la mort.

Inhumée dans le petit cimetière de Nègremont à Curvalle où vivaient ses parents, « Danielle Gaubert a contribué à faire revivre le site. Jean-Claude Killy a été un peu généreux. Avec l’aide des autres paroissiens, on a rénové l’église. Comme elle est jolie, cela a donné envie d’y aller. On a remis au goût du jour le pèlerinage de Saint-Fort, qui se tient en mai. Même l’évêque est venu », dit le maire, Joël Marquès, « heureux de la présence d’une célébrité à Curvalle. Maintenant, on envisage des concerts dans l’église. » Pouvait-on imaginer plus bel hommage, pour une actrice disparue ?


Louisa Paulin, la poétesse de Réalmont

La poétesse réalmontaise (1888-1944) repose dans le caveau de famille, carré 1 n°227, facilement repérable grâce au plan affiché à l’entrée du cimetière. En 1969, lors du 25e anniversaire de sa mort, Germain Gabaude, granitier, poète, maire de Burlats avait dressé une stèle monolithique en granit.

Le 9 novembre 1969, la société des Amis de Louisa-Paulin et le majoral Joseph Salvat avaient déposé une gerbe lors de l’inauguration d’une exposition de livres, manuscrits et l’édition de « Poèmes » par la Revue du Tarn dont le rédacteur en chef était René Rouquier. Cet ouvrage tiré à 1000 exemplaires est précieusement conservé par des sociétaires dont Paulette Roustit d’Albi qui nous a communiqué les renseignements ci-dessus.

La société prépare le 120e anniversaire de la naissance de Louisa Paulin qui sera fêté le 6 décembre 2008. J.R.


Graulhet, dernière escale de l’amiral Jaurès

Constant Louis Jean Benjamin Jaurès est né à Albi le 3 février 1823. Il est le frère de l’amiral Charles Jaurès et grand cousin du tribun Jean Jaurès qui l’appelait affectueusement « mon oncle » en raison de leur différence d’âge. Entré dans la marine en 1839, il participe à la guerre de Crimée. Il est promu capitaine de frégate en 1861. Pendant la guerre avec la Prusse, il est appelé à un commandement dans l’escadre de la mer du Nord. Intrépide et au sang-froid reconnu, il est nommé général de division. Après la signature de paix, il dépose son commandement et reçoit le grade de contre amiral en récompense de ses brillants services. Nommé dans le Tarn, député à l’assemblée nationale, Jaurès qui appartient à l’opinion républicaine modérée, devient sénateur en 1876. Commandant de la Légion d’Honneur en 1877, vice amiral puis ambassadeur de France à Madrid puis à Saint-Petersbourg. Nommé ministre de la Marine dans le gouvernement Triard, il meurt à ce poste, le 13 mars 1889. Résidant souvent au château de la Fage à Graulhet, il est enterré au cimetière de Notre-Dame-des-Vignes. Plus de 5000 Graulhétois suivirent ses funérailles après des obsèques nationales à Paris.

Sa tombe reste régulièrement fleurie par sa famille qui vit en région parisienne.


Commentaires

Logo de Alain
Patrimoine funéraire du Tarn (81)
samedi 29 juin 2019 à 20h59 - par  Alain

L’ancien ministre de la Marine, Edouard Barbey est inhumé au cimetière protestant de Mazamet dans un beau mausolée que la mairie doit réhabiliter. Cet homme fut maire de la ville, un grand mécène et plusieurs fois membre des gouvernements de la Troisième République.

Site web : Alain Corbiere
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Patrimoine funéraire du Tarn (81)
mardi 9 avril 2013 à 17h30 - par  H.P.

Le Pape du Rugby est enterré à NOAILHAC.

L’Abbé Henri PISTRE joua au rugby au Sporting Club Albigeois lorsqu’il était séminariste.
Lors de son ordination il avait caché sous sa soutane un vieux maillot de son club.
C’était un amoureux du rugby que l’on voyait sur les stades en France comme à l’étranger.
Il écrivit de nombreuses rubriques et commentaires dans les colonnes de journaux locaux et régionaux. Il commenta à la télévision quelques matches avec Georges de Caunes.
Amateur de vélo ils suivit de nombreuses étapes du Tour de France et devint l’ami de nombreux journalistes et écrivains.
Il participa activement à l’animation de l’Association des Sous Officiers de Réserves en France et fut
l’un des fondateurs de l’Association Européenne dont il devint le Président.
Il repose dans le petit cimetière de Noailhac (10 km de Castres)

Patrimoine funéraire du Tarn (81)
lundi 7 novembre 2011 à 14h38

à voir la tombe hélas abandonnée du poete occitan Jean Louis Alibert au cimetière de Roquecourbe
BG

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samedi 29 octobre 2022

Je suis en train de remettre à jour toutes les rubriques qui listent le plus exhaustivement possible le patrimoine funéraire de tous les départements. Tous les cimetières visités par moi (ou par mes contributeurs) y sont portés, mise-à-jour des couleurs qui n’étaient pas très claires dans les versions précédentes (le noir apparaissait vert), rajout de tombes depuis les visites, photos de tombes manquantes... N’hésitez pas à les consulter pour y trouver la version la plus globale du patrimoine. Ces rubriques représentent les listes les plus complètes que l’on puisse trouver sur le net du patrimoine funéraire français.

Contrairement aux articles, vous ne pouvez pas interagir sur les rubriques : aussi, si vous avez une information nouvelle à apporter sur un département, merci de laisser votre message en indiquant clairement le département et la commune concernée sur un article dédié uniquement à cela : Le patrimoine funéraire en France : classement par départements

Merci et bonne lecture.

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vendredi 14 février 2014

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