CLUNY (71) : cimetière
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Les tombeaux du cimetière de Cluny portent les noms des grandes familles du coin : la partie en retrait à gauche de l’entrée principale possède les tombes les plus anciennes. L’opulence est ici maîtrisée, et l’attachement radical-socialiste de plusieurs ténors de la troisième république ici présents témoigne de la vocation républicaine de la ville. Peu de statues, peu de sculptures, mais quelques tombeaux aptes à capter l’intérêt du taphophile.
Curiosités
L’inhabituelle tombe de Joseph Berthet (1915-1992) "prêtre marié".
D’élégants favoris sur le buste de la tombe Penot, qui nous apprend que son destinataire "fit lui même son tombeau, maintenant il s’y repose".
Les célébrités : les incontournables...
Aucune.
... mais aussi
Stanislas AUCAIGNE (1807-1884), qui fut maire de la ville. Médecin fouriériste, il fut l’un des ardents défenseurs des phalanstères et il fonda à Cluny une salle d’asile.
Barthélémy FOREST (1813-1895) : bien qu’originaire de Cluny, c’est de la Seine qu’il fut un député de la Gauche radicale de 1883 à 1889. Avocat de formation, il défendit à plusieurs reprises des républicains célèbres, dont Raspail.
Henri GANDREZ (1920-2003), "humoriste bourguignon", qui fut un dessinateur et caricaturiste qui oeuvra dans la presse régionale.
La tombe de son épouse sert de cénotaphe à Alfred GOLLIARD (1881-1944), préfet du Jura en 1934, révoqué par Vichy en 1940, qui s’engagea dans la Résistance. Arrêté, enfermé à Lyon au fort Montluc, il fut déporté à Mauthausen où il mourut.
La productrice Christine GOUZE-RÉNAL (1914-2002), l’une des rares femmes dans ce "métier d’hommes", qui produisit une cinquantaine de films pour le cinéma (en particulier les films de Brigitte Bardot) et pour la télévision (un grand nombre de séries consacrées à la littérature). Soeur de l’épouse de François Mitterrand, Danièle Gouze, elle fut en outre jusquà sa mort la femme de l’acteur Roger Hanin. En 2011, sa soeur la rejoignit dans le caveau familial : Danielle MITTERRAND (1924-2011) se servit de sa notoriété politique de "Première dame" pour créer France-Libertés en 1986, une fondation pour la défense des droits de l’homme. Elle n’hésitera pas à faire entendre sa voix pour la cause kurde ou cubaine, allant jusqu’à provoquer une polémique en 1995 en recevant chaleureusement Fidel Castro. Séparée de fait de François Mitterrand, elle ne repose pas avec lui. Des bouteilles posées sur sa tombe rappellent son combat pour le partage de cette ressource dans le monde.
- Ancienne tombe Gouze, contiguëe à celle des parents.
Pierre MARRAUD (1861-1958) : préfet en 1900, sénateur du Lot-et-Garonne de 1920 à 1933, il devint en 1921 ministre de l’Intérieur du gouvernement Briand (à ce titre, il fit voter la loi instituant le 11 novembre jour ferié). Il fut ensuite à quatre reprises, de 1928 à 1930, ministre de l’Instruction publique (il fit voter la loi de finances instituant la gratuité de l’enseignement secondaire).
Julien SIMYAN (1850-1926) : issu de la notabilité clunysienne, ce radical-socialiste fut député de Saône-et-Loire de 1885 à 1921, puis sénateur de ce même département de 1921 à sa mort. Il fut appelé, de 1906 à 1909, au secrétariat d’Etat aux PTT du gouvernement Barthou, mais les mesures vexatoires concernant l’avancement qu’il voulut instaurer lui valurent d’affronter la première grande grêve de fonctionnaires de l’histoire.
Merci à Nelly Damien pour les compléments concernant la tombe Gouze.
Merci à Pascal Chapuis pour la photo de la tombe Gandrez rénovée
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