VALENCE (26) : cimetière

visité en août 2007

Le cimetière de Valence se trouve dans la partie nord de la ville. Il se présente sous la forme de trois enclos reliés entre eux, dont, à gauche de l’entrée, l’ancien cimetière et ses tombes anciennes datant de l’époque napoléonienne, avec une partie qui devait être l’ancien cimetière protestant, et à droite une partie plus contemporaine, dans laquelle on trouve un certain nombre de monuments commémoratifs.

Typiques de la région, les lourds tombeaux familiaux qui ravissent les généalogistes tant les identités sont nombreuses, donnent à ce cimetière un aspect minéral sévère qui n’est pas compensé par une présence végétale trop rare. Le cimetière de Valence n’est donc pas très beau, et il est pénible de le visiter aux heures chaudes de la journée.

L’austérité et le conformisme sont de règle : les statues et bustes sont rares. Néanmoins, il possède évidemment un certain nombre de tombes intéressantes.

Curiosités

 en premier lieu, habitude que je n’ai pas encore vu dans d’autres cimetières, ce sont les identités des défunts occupants la première tombe de la bordure qui donnèrent leur nom aux allées. Ils apparaissent donc aujourd’hui tels des fantomes puisque, pour la plupart, ces occupants anciens ont été relevés.

 une tour octogonale attire le regard : il s’agit d’une chapelle dont le sol est recouvert de plaques. Derrière elle se trouve l’ossuaire communal.


 un monument commémoratif aux victimes de la catastrophe du 1er juin 1919 à Valence : les autorités ecclésiastiques avaient organisé une séance de cinéma pour les enfants des écoles, mais une bobine prit feu. Ce ne fut pas tant l’incendie mais la panique qui se déclencha qui causa un très grand nombre de victimes.


 le mausolée de Florent Vinay (1967-1988) : une mère éplorée a fait bâtir pour son fils, jeune musicien, ce tombeau sur lequel figure un grand nombre de photographies gravées du défunt.


 Quelques œuvres éparses :
— le monument de l’ancien maire Joseph Belat (1843-1903) est mentionné dans les plans du cimetière. Une statue et un buste de Charles Biny.


— le conseiller prudhommal Armand Roux, sous un médaillon de profil de J.Jau.


— un bas-relief de Tony Carcenat sur la tombe Grielens.


— une pleureuse en marbre sur la tombe Girodet.

Les célébrités : les incontournables...

 Paul-Jacques BONZON (1908-1978) : beaucoup ne connaîtront pas son nom,

mais ils connaissent son œuvre. Cet instituteur originaire de la Manche s’était installé dans la région où il se mit à écrire de la littérature pour enfants. Parmi ses titres les plus connus, on trouve toute la collection des Six compagnons. La particularité de l’auteur : créer des personnages d’origine modeste, débrouillards et solidaires, associés pour mener une quête. Pour beaucoup de jeunes dans le Monde (ses romans ont été traduits dans de nombreuses langues), les personnages de Tondu, Mady, La Guille ou Bistèque ont fait partie de l’univers enfantin. Il repose très discrètement dans la 28ème division de ce cimetière : aucun guide n’y signale sa présence.

 Edmond REGNAULT (1898-1982) est encore plus inconnu que le précédent. Il est néanmoins connu pour ses réalisations : fabricant de stylo depuis 1927 à La Ferté-Milon dans l’Aisne, il racheta en 1945 l’ensemble des brevets de l’industriel américain Milton Reynolds. On peut donc, sans exagérer, considérer Edmond Regnault comme le fondateur de la marque Reynolds à laquelle il n’a pourtant pas donné son nom. Installé à Valence depuis 1945, l’usine connaît depuis plusieurs mois de grosses tensions dans le cadre d’un plan de délocalisation très médiatisé.

... mais aussi

 Comme dans toutes les villes de cette importance, un grand nombre de notables locaux pour lesquels il est difficile de trouver des informations pertinentes : des maires, des architectes (Jean-Pierre Bernard, Louis François Roux, Julien Lick, Louis Tapernoux...), quelques peintres (Louis Ollier)...

 Jean JULLIEN-DAVIN (1906-1994), le fondateur de l’entreprise d’automatismes Crouzet, présente dans le monde entier.

 Bien qu’originaire de la Meuse, c’est dans la Drôme que Nicolas DELACROIX (1785-1843) fit une carrière administrative avant de devenir député du département de 1839 à sa mort, où il soutint l’action de Louis-Philippe qui l’avait nommé maire de Valence. On lui dut également, en 1817, un Essai sur la statistique, les antiquités et l’histoire du département de la Drôme toujours consulté de nos jours. Il fut en outre un membre correspondant de l’Institut. Son tombeau fut élevé par souscription nationale et est orné d’une statue néoclassique. Il figure sur le plan du cimetière comme étant l’un des monuments remarquables du cimetière.

 Le poète Louis LE CARDONNEL (1862-1936) chantait, dans une prosodie de facture classique, des sujets religieux, voire liturgiques, en s’inspirant du Bréviaire et du Pontifical. Il fut un ami de Paul Verlaine, fréquenta les Symbolistes, collabora à plusieurs journaux littéraires, puis entra dans les ordres et devint abbé. Il repose bien dans ce cimetière, mais peut-être pas dans la sépulture des prêtres de Valence où le place Bertrand Beyern.

 Son frère, l’homme de lettres Georges LE CARDONNEL (1872-1947) repose également ici. Il fréquenta Remy de Gourmont et Huysmans.

Commentaires

Nora de Saint Romain, guide conférencière agréee àla ville de Valence 8/02/2013 à 16:42

Le cimetière de Valence est situé à l’Est de la ville et non au Nord.

Les achats se sont fait progressivement et non en trois sections et il n’y a jamais eu d’anciennes parties pour les protestants.

En ce qui concerne les disparus de la salle Sainte Madeleine, la bobine ne prit pas feu : il n’y eu que de la fumée et de la panique.

CRUCHET 23/11/2013 à 22:21

Je souhaiterais connaitre (photo) la tombe de l’enfant décédé en 1929, à l’age de 11 ans : GUY de
FONTGALLAND, qui repose au cimetière de BOURG-LES-VALENCE ( Drome)- Remerçiements -
CRUCHET Roland -8 rue du Tourmalet -31240 L’UNION

CHAMPAURIE Jean-Hervé 2/06/2016 à 16:58

A noter
A l’entrée sud du cimetière, hors des murs, un carré est protégé. Il abrite les dépouilles de trois des quatre "fameux chauffeurs de la Drôme", exécutés en 1909 devant la prison de la ville (avenue de Chabeuil).
Dans la même fosse fut enterré le corps du célèbre contrebandier Louis Mandrin (roué vif sur la place des Clercs à Valence en mai 1755). Sa complainte est encore chantée dans la région.

VINCENT 8/05/2017 à 21:38

Il est vrai que ce cimetière est sévère avec ses grandes allées et ses tombes austères mais je ne suis pas complètement d’accord avec vous quand vous parlez d’une présence végétale trop rare. Il y a un endroit superbe, je le nommerais « le carré des pauvres  » il n’y a rien de péjoratif car je ne sais pas comment le dire autrement. Là, pas de mausolées imposants mais de simples croix de bois au milieu d’un magnifique fouillis de fleurs. En ce printemps ,ce carré est couvert d’escholtzias , de thym sauvage et de bien d’autres plantes. Il bourdonne d’abeilles, et je me suis même dit qu’un apiculteur ou la municipalité de Valence pourrait y mettre des ruches.Si je savais comment faire je vous enverrais des photos de cette oasis de couleur et de verdure au sein du cimetière de Valence

VILLANI Agnès 12/07/2017 à 19:43

Des vols dans le cimetière.
Ca m’a fendu le coeur aujourd’hui quand j’ai constaté qu’un jolie céramique fabriquée par ma fille pour sa grand-mère qui se trouve au colombarium de Valence, a été volée.
Cela n’avait de la valeur que pour nous.

Christophe 11/07/2025 à 22:52

Paul-Jacques BONZON a en effet beaucoup écrit pour la jeunesse mais aussi des ouvrages d’apprentissage de la lecture du CP au CM2 publiés chez Delagrave.
Mais ce que l’on sait moins c’est qu’il a aussi écrit 11 pièces de théâtre. Il a publié des contes et des nouvelles dans le bulletin de l’Académie drômoise.
Paul-Jacques BONZON était donc un auteur très prolixe qui a publié toute sa vie jusqu’à sa mort en 1978. Son oeuvre est constituée de plus d’une centaine de livres, dont 88 romans pour la jeunesse, et une dizaine de livres scolaires. Ses romans ont été traduits en dix huit langues. Il est aujourd’hui malheureusement tombé dans l’oubli alors qu’il représentait une génération d’instituteurs qui avaient une haute conception de leur métier de pédagogue. A ses heures il était aussi un militant discret de l’école républicaine ayant publié deux pièces de théâtre qui avaient pour titres, "L’Insécurité sociale" en 1954 et "Aux urnes, citoyennes !" en 1956.
Le bonheur était aussi un de ses thèmes favoris pour apprendre à lire aux plus jeunes : en 1960 "La Roulotte du bonheur" (CM2). En 1962 "Le Chalet du bonheur" (CE1, CE2, CM1) et en 1964 "La Maison aux mille bonheurs (CE1, CE2) dont on peut avoir un aperçu sur You tube ce qui permettra peut être à certains de découvrir ou redécouvrir cet auteur que l’idéal humaniste a certainement guidé dans ses écrits. Il était le contraire d’un démagogue car les enfants qu’il mettait en scène sont confrontés à la misère, aux handicaps, à l’abandon. Il a ainsi décrit la solidarité qui anime les milieux modestes auxquels ils appartiennent et qui peuvent trouver le bonheur dans des joies simples et porteuses de sens.
Aujourd’hui, une vingtaine de titres figurent encore au catalogue de l’éditeur Hachette, dans la collection de la Bibliothèque verte, sous une présentation modernisée. Depuis mars 2010, les aventures des Six Compagnons ont été rééditées dans la collection Bibliothèque rose dans une version plus actuelle et simplifiée.
Le 12 mars 2011, la ville de Valence a inauguré un square à son nom, en présence de ses enfants, petits-enfants et admirateurs.

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