NOIRET Philippe (1930-2006)

Montparnasse - 3ème division
jeudi 21 février 2008
par  Philippe Landru

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Les nécrologies fleurissent et rappellent les grandes lignes : un élève cancre ayant échoué trois fois au bac, un amoureux de la littérature, des chevaux et de la campagne. Un début de carrière au théâtre tout d’abord, avec sept années passées au TNP à jouer le répertoire classique, tandis qu’avec Jean-Pierre Darras, il présentait un duo comique dans les cabarets tels que l’Ecluse ou les Trois baudets.

Puis c’est la consécration publique avec le cinéma. 145 films, où son physique lui fait jouer les rôles de M. Tout le monde sans pourtant le limiter : Zazie dans le métro, Alexandre le Bienheureux, Cinéma Paradiso, le Facteur, les Ripoux... Il y eut les scandales, tel celui de la Grande bouffe, mais aussi les films ayant conquis le plus large public, au premier rang duquel figure à l’évidence le Vieux fusil.

Son inhumation à Sainte-Clotilde rendue publique, une foule immense y participa, accompagnée, selon la formule, de « toute la grande famille du cinéma ». Il repose à proximité de Francis Girod, inhumé deux jours auparavant, et face à Jean Poiret, en bordure de division.

les obsèques de Philippe Noiret

22 ans que je fréquente les cimetières, mais pas l’habitude d’aller aux enterrements de stars (trop de monde, trop de vivants, pas à ma place...). Je décide d’y aller cette fois ci avec quelques uns : Marie, le vieux compère Hugo, le taphophile américain Steeve et son épouse... On ne manque pas d’y retrouver d’autres habitués, venus aussi pour l’occasion.

15H00 : il y a encore peu de monde (certains sont à Ste Clotilde). Des registres de condoléances ont été mis à la disposition du public.

15H30 : la foule arrive. Des barrières de protection ont été mises en place pour assurer le passage de la famille et des VIP vers le caveau. Philippe Noiret sera bien placé, sous un arbre, entre Jean-Baptiste Cadore, duc de Champagny (qui n’a pas vu autant de monde depuis bien longtemps) et le très oublié dramaturge Félicien Mallefille, dont le médaillon d’Adam Salomon luit sous la jolie lumière de fin d’après-midi.

Un employé, engoncé dans son costume trop étroit, n’arrête pas d’aller et venir : grisant d’être l’attention d’un public qui attend l’arrivée du cortège.

16H00 : l’employé revient pour annoncer que le convoi a du retard, et n’arrivera pas avant 17h00. La lumière décroît. Beaucoup restent à leur place, d’autres, qui croyaient avoir les meilleures places, se voient repousser à l’intérieur de la division... Jettent-t-ils seulement un oeil sur la tombe de Conté ou des statuaires Ramey ? Et l’on se met à songer : combien de temps faudra-t-il avant de venir sur la tombe de Noiret avec un vieux bout de pain pour lire des inscriptions devenues désormais illisibles ? (pour les non-habitués, le pain rassi est ce qu’il y a de mieux pour rendre lisible les vieilles inscriptions sans abimer la pierre). A ce moment là, il ne se passe rien, mais la foule est totalement silencieuse ou chuchotte... cela fait sourire les habitués ! L’employé revient « je rappelle qu’il est interdit de prendre des photos avec le portable ». Et avec un appareil photo, c’est possible ?

Le public est âgé. Commentaires volés : « moi, j’étais aux obsèques de Joséphine Baker à la Madeleine », « moi j’étais à celles de Piaf au Père Lachaise », « c’est Jean rochefort qui porte le cercueil » (l’info se révélera fausse), « y’aura Villepin »... Beaucoup ont regardé une énième fois le Vieux fusil hier soir : savent-ils seulement qu’à quelques mètres de là repose Robert Enrico ?

Un peu avant 17h00, la foule s’agite : viennent d’arriver Francis Perrin et Claude Rich visiblement émus...un peu plus loin suit Michel Boujenah. Une limousine s’arrête : en descend Sonya Rykiel. La valse des VIP commence.

Deux fourgons arrivent, une foule suit : du premier, on sort le cercueil de Philippe Noiret et des gerbes immenses de fleurs oranges... de la part du théâtre de la Madeleine, de la part de Jacques et Bernadette Chirac... De l’autre : des fleurs encore. Devant le caveau ouvert, quatre rangs de sièges. Des personnes âgées viennent prendre place. Soudain, avec l’arrivée de la famille, Monique Chaumette en tête, c’est tout le cortège qui défile. Et la foule d’osciller entre silence respectueux et bruits étouffés quand on a reconnu quelqu’un. Bertrand Blier, Bertrand Tavernier qu’accompagne Sabine Azéma, Anouck Aimée et Kad (de kad et olivier), l’occasion de voir des distributions peu habituelles. Suivent Claude Pinoteau, Thierry L’Hermitte dans des baskets très « djeuns », Charles Berling... et puis tout ceux dont on connaît la tête mais dont on ne se souvient plus du nom !

Quelques flashs crépitent, malgré les interdictions.

Le prêtre fait une rapide homélie pour un Philippe Noiret qui n’était pas connu pour être un paroissien fidèle. Il rappelle qu’il y a dans la foule des gens de toutes croyances mais poursuit en demandant à tous de prier Jésus Christ. Ces cérémonies ne ressemblent à rien : on pense à la famille, sincèrement peinée, et on se demande si la présence de tant de monde les réconforte ou relève du voyeurisme. Et nous qui, pour une fois dans un cimetière, faisons du vedettariat autre que nécropolitain.

Certains se lamentent : Deneuve n’est pas venue au cimetière, Villepin non plus... Oui mais il y a des compensations : Lhermitte n’était pas à l’église !

La nuit tombe maintenant. Vedettes et anonymes redescendent ensemble l’allée principale.

A la sortie, une foule de journalistes attendent. Par la petite porte sort, l’un après l’autre, la grande assistance, face à ces rangées d’appareils : on snobe le quidam, mais il ne faudrait pas louper une star ! Boujenah s’engage, on se jette sur lui mais il détale. Nous, on rigole bien : on a vu la rangée de minibus, vitres teintées, sagement garées face à Boucicaut. Ca ne manque pas : la lourde porte s’ouvre, les trois bus sortent sous le crépitement des flashs. Ils vont en avoir des photos surexposées de Berling et Tavernier pour les tabloïds de demain ! Suit la limousine de Rykiel : elle aussi aura les yeux rouges sur plus d’une photo. La porte se referme. Rideau.

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la tombe en avril 2007

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Commentaires

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NOIRET Philippe (1930-2006)
mardi 17 avril 2012 à 11h20 - par  Alain

Bravo Philippe !! Vous faites un travail magnifique et nous vous remercions pour tous ces efforts que vous faites pour nous. Dans la société, il y a toujours d’éternels insatisfaits ou grincheux qui cherchent une petite faille (Si toutefois celle-ci existe, ce qui reste à démontrer). Ne vous laissez pas déstabiliser par ce genre de personne et continuez à nous abreuver de vos précieux renseignements qui nous sont très utiles.
Merci encore.
Alain

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NOIRET Philippe (1930-2006)
mardi 1er novembre 2011 à 00h25 - par  Philippe Landru

@ Jos van Namen : Je remercie au passage ceux qui prirent ma défense. Pour vous monsieur, je n’ajouterai que deux choses : la première est que vous n’avez pas lu mon article, ou si mal que rien ne valait un tel acharnement. La seconde est que le choix de votre vocabulaire (« pitoyables et ridicules », « dérisoire et pleine d’aigreur », « exécrable ». « Abstenez-vous ») témoigne de votre absence totale d’honnêteté intellectuelle. Ne désirant pas vous importuner plus longtemps avec mes réflexions « dérisoires et pleines d’aigreur », je ne peux que vous engagez à aller voir ailleurs... Mon site, prestigieux ou non, n’y perdra rien.

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au sujet de Philippe Landru et de ses propos
dimanche 30 octobre 2011 à 18h29 - par  Oedipa

Monsieur Jos van Namen, vos propos m’attristent beaucoup.
Je suis d’accord avec Marie et Ghislain qui vous répondent fort intelligemment.
Je souhaite ici soutenir Philippe Landru qui est un homme de coeur, généreux et respectueux d’autrui.
J’ai fait de merveilleuses visites avec lui et quelques-uns de ses habitués et j’espère en faire d’autres.
Merci de tout coeur à lui et salutations à tous !

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dimanche 30 octobre 2011 à 18h32 - par  Oedipa

quand je dis « respectueux d’autrui », je voulais souligner ce membre de phrase et bizarrement je l’ai effacé.
j’apprendrai à souligner vraiment une autre fois :-)

Site web : souligner
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NOIRET Philippe (1930-2006)
samedi 29 octobre 2011 à 15h03 - par  Marie Beleyme

Bonjour Jos,

Je crois que vous n’avez pas compris les propos de Philippe. Peut-être les avez-vous lu à la va vite...

Reprenons.

Je vous cite :

Il est très réconfortant, pour une famille endeuillée, de se sentir entourée.

Je ne pense pas que Philippe dise le contraire. Vous lui accorderez cependant que, pour les obsèques des personnalités, les personnes qui assistent aux cérémonies/inhumations/crémations ne sont pas toutes des proches de la famille. Si certains anonymes viennent rendre un dernier hommage à une vedette qu’ils ont appréciée, il y a toujours dans la foule une multitude de personnes venues là par curiosité, espérant apercevoir telle ou telle personnalité. C’est en référence à cela que Philippe dit « Ces cérémonies ne ressemblent à rien » : l’atmosphère n’est pas toujours au recueillement, bien au contraire. Il n’y a qu’à voir les paroles rapportées pas Philippe et citées dans son article :

« moi, j’étais aux obsèques de Joséphine Baker à la Madeleine », « moi j’étais à celles de Piaf au Père Lachaise », « c’est Jean rochefort qui porte le cercueil », « y’aura Villepin »...

Pour ce qui est de votre réflexion sur l’invitation du prêtre, je ne la comprends pas :

Il est évident que les funérailles rassemblent des personnes de tous horizons. Mais ces personnes savent à quel genre de cérémonies elles sont conviées. Dans ce cas, la famille de Philippe Noiret avait choisi des obsèques catholiques. Il est donc absolument normal que le prêtre s’adresse au Christ et non pas à un autre dieu ou aux faux dieux de la laïcité gratuite et obligatoire. Si je vais à l’enterrement d’un socilaiste, je ne vais pas demander que l’on s’abstienne de parler du parti sous prétexte que je n’y adhère pas. Si je vais à des obsèques musulmanes, je respecte le déroulement de la prière tel qu’il est prévu.

Philippe se contente de dire ceci dans l’article :

Le prêtre fait une rapide homélie pour un Philippe Noiret qui n’était pas connu pour être un paroissien fidèle. Il rappelle qu’il y a dans la foule des gens de toutes croyances mais poursuit en demandant à tous de prier Jésus Christ.

Il n’y a là nulle critique. C’est une simple constatation et je n’y vois aucun message farouchement anti-clérical.

Je pense que votre confusion viens de la réflexion de Philippe « Ces cérémonies ne ressemblent à rien » mais relisez bien, vous verrez que cette réflexion n’est au final par vraiment polémique même si elle est, je vous l’accorde, un peu provocatrice. Tout est dans la ponctuation...

Bonne journée à vous.

Marie

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Les jugements de M. Landru
samedi 29 octobre 2011 à 14h29 - par  Jos van Namen

Vos jugements personnels, M. Landru, sont pitoyables et ridicules. D’abord une cérémonie d’obsèques est, pour ceux qui y assistent, l’occasion de rémoigner leur sympathie à la famille et leur estime pour le défunt. Il est très réconfortant, pour une famille endeuillée, de se sentir entourée.

J’en viens à votre réflexion sur l’invitation du prêtre. Il est évident que les funérailles rassemblent des personnes de tous horizons. Mais ces personnes savent à quel genre de cérémonies elles sont conviées. Dans ce cas, la famille de Philippe Noiret avait choisi des obsèques catholiques. Il est donc absolument normal que le prêtre s’adresse au Christ et non pas à un autre dieu ou aux faux dieux de la laïcité gratuite et obligatoire. Si je vais à l’enterrement d’un socilaiste, je ne vais pas demander que l’on s’abstienne de parler du parti sous prétexte que je n’y adhère pas. Si je vais à des obsèques musulmanes, je respecte le déroulement de la prière tel qu’il est prévu.

Votre site est bien, mais chaque fois que vous nous gratifiez d’une réflexion personnelle, elle est souvent dérisoire et pleine d’aigreur. J’ose dire exécrable. Abstenez-vous, il y va du prestige de votre blog.

Site web : Jos van Namen
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samedi 29 octobre 2011 à 19h30 - par  MARRY Ghislain - EVIGNY (Ardennes)

Les obsèques d’une personne célèbre on non - quand elle a atteint un âge avancé de la vie - sont souvent l’occasion pour beaucoup des invités ou des personnes présentes à la funeste cérémonie, qu’ils soient athées ou de diverses confessions, de se recueillir certes, mais aussi et heureusement de blaguer dans le souvenir anecdotique du défunt, puis de boire un bon coup en son honneur après le cérémonial !

Ce rite, cette coutume occidentale a toujours eu lieu - même le défunt le sait - et ça restera encore longtemps ainsi, tant que la France demeurera un pays libre ! Et c’est tant mieux !

In fine ( j’aime bien cette expression latine ! ), je pense qu’au nom de la liberté d’expression - ne vous en déplaise, M. Jos Van Namen - Philippe a le droit, sur son site, de dire ce qu’il pense de l’hypocrisie de certaines cérémonies d’obsèques.