NIORT (79) : cimetière ancien

visité en décembre 2022
mardi 27 décembre 2022
par  Philippe Landru


Niort possède actuellement onze cimetières qui se répartissent sur le territoire, augmenté par la fusion des communes de Souché (1964), Sainte-Pezenne (1965), Saint-Florent (1969) et Saint-Liguaire (1972). Ce cimetière ancien remplaça les anciens cimetières paroissiaux au début de la Révolution. On vendit les terrains occupés par les anciennes nécropoles pour financer l’achat de ce nouvel emplacement, situé à Belle-Lune. Près de vingt ans plus tard, un agrandissement devint nécessaire (partie sud) notamment pour y aménager un espace réservé aux familles protestantes. L’extension se poursuivit dans les années 1870 par l’achat de terrains en face du cimetière ancien, ce qui devint le cimetière Cadet, séparé du cimetière ancien par la rue de Bellune.

La cimetière se décompose en deux parties : à droite (partie nord), la partie la plus ancienne offre un désordre de tombes (la plus ancienne encore en place date de 1817) sur un sol enherbé. A gauche (partie sud), des sépultures un peu plus récentes offre un ordonnancement plus net.


Curiosités


- Dans ce cimetière repose, dans un quasi anonymat, Cornélie de BOURBON (1867-1953). Pour la plupart, il s’agit de Madame Pierre Tourtelot (comme l’indique la plaque sur sa tombe), pour les Naundorffistes, il s’agit d’une princesse de France, puisque petite-fille de Naundorff (donc de Louis XVII de France !). Elle repose dans le caveau du général Weywada, 2éme division, carré F.

- La pyramide d’un curé défroqué : celle de l’ancien curé de Magné qui épousa en 1793 une niortaise.

- Original : une stèle reproduit les occupants de la sépulture sous la forme d’un arbre généalogique.

- Insolite : une partie du mur consacrée aux « latrines publiques » !

- On cherchera ailleurs l’originalité ornementale ; ici, peu de bronze : les sculptures sont en pierre, d’inspiration religieuse.

JPEG - 47 ko
Signé Pairault, sculpteur à Niort.

JPEG - 33.5 ko
L’unique médaillon du cimetière à ma connaissance : celui de Jean Philippe (+1932), réalisé par Louis-Henri Nicot.


Célébrités : les incontournables...


Aucune première pointure.

Si le réalisateur Henri-Georges Clouzot repose à Paris au cimetière Montmartre, ses ascendants reposent dans ce cimetière dont son grand-père et son oncle, Henri Clouzot (1865-1941), journaliste et acritique d’art, qui dirigea la Bibliothèque Forney à Paris, puis qui fut conservateur du musée Galliera.

JPEG - 53.5 ko
Tombeaux Clouzot

... mais aussi


- Bernard d’AGUESCI (Augustin Bernard : 1756-1829) : issu d’une famille de la bourgeoisie commerciale de Niort, il apprit la peinture à l’Académie royale à Paris. Après un séjour à Rome, il réalisa une série de portraits pour la noblesse ou l’aristocratie parisienne. Il exposa neuf tableaux au Salon de 1791. Les événements révolutionnaires contrarièrent sa carrière parisienne. En 1792, alors qu’il préparait son entrée à l’Académie, celle-ci fut abolie. Rentré à Niort, Il fut à l’origine de la première bibliothèque publique de la ville, puis le créateur des musées de la ville, dirigeant aussi à partir de 1802 l’école gratuite de dessin créée par la municipalité. Son œuvre picturale comprend des portraits, des œuvres religieuses et des sujets mythologiques. Il donna son nom au musée de Niort qui possède certaines de ses œuvres. Il fut à l’origine inhumé dans un cimetière privé, et ce n’est qu’en 1987 que ses restes furent transférés dans ce cimetière. Il a pour épitaphe le peu ordinaire « peintre habile » !

- Le violoniste Lucien ANDRÉ (1874-1959), qui fut premier violon aux concerts Lamoureux puis à l’Opéra de Paris.

- Pierre-Antoine BAUGIER (1809-1863), qui fut représentant du peuple à l’Assemblée constituante de 1848.

- Emile BÈCHE (1898-1977) : instituteur, militant de la Section française de l’Internationale ouvrière, il fut élu député socialiste des Deux-Sèvres en 1936 lors de la victoire électorale du Front populaire. Il ne prit pas part au vote sur la remise des pleins pouvoirs au Maréchal Pétain et s’engagea dans la Résistance qu’il fut chargé de réorganiser dans tout le centre-ouest. Il fut désigné en 1944 maire de Niort et reconduit dans ces fonctions lors des élections municipales de 1945. Il fut élu en 1944 à la Première assemblée constituante, puis à la seconde l’année suivante. En juillet et août 1945, il fut juré au procès de Pétain devant la Haute Cour de justice. Sous la Quatrième République, il fut constamment réélu député jusqu’en 1956, année où il décida de ne pas se représenter. L’année suivante, en 1957, il reprit la mairie de Niort qu’il avait perdu en 1947 et occupa ces fonctions jusqu’en 1971.

- Le chef de bataillon napoléonien Jacques François Étienne BOURSIER (1791-1866), dont la belle tombe indique la graphie Bourcier.

- Le général Jean CHARBONNEAU (1883-1973) : passé par l’École de guerre en 1919, et nommé chef d’état-major des Troupes de Madagascar entre 1921 et 1923, il fut détaché en 1924 au Secrétariat général de la Défense nationale comme représentant du Ministre des colonies. Affecté en Guinée en tant que commandant, il développa l’action culturelle, puis participa au Maroc en 1932 à la première liaison transsaharienne. Affecté au Tonkin en 1940, il fut chargé par le commandement anglais de prendre la tête des Forces françaises en Angleterre. Il fut l’auteur d’ouvrages d’histoire, géographie et politique générale, et rédacteur en chef des « Cahiers Charles de Foucauld ».

-  L’avocat Amédée de LA PORTE (1848-1900), député républicain du département de 1877 à sa mort, il fut sous-secrétaire d’État au ministère de la Marine et des colonies en 1886. Il avait épousé la fille du ministre François Allain-Targé (qui repose dans ce caveau). Il en est de même de leur fil, le journaliste Henri de LA PORTE (1880-1924), qui fut député socialiste des Deux-Sèvres de 1910 à 1919.

- L’architecte Georges LASSERON (1844-1932), qui œuvra beaucoup dans la ville de Niort.

- La famille d’industriels MAIN repose dans un ensemble de huit tombeaux regroupés. On y trouve en particulier Thomas Jean (1745-1821), qui donna sa renommée à la chamoiserie et la ganterie niortaise. Il se forma en Angleterre alors que la perte du Canada français avait plongée cette industrie en pleine crise par manque de peaux. Le lycée professionnel de la ville porte son nom. Y repose également son neveu, Thomas- Hippolyte (1777-1860), qui légua une partie de sa fortune à la ville de Niort.

- Edmond PROUST (1894-1956) : ancien combattant de la Première Guerre mondiale, il devint sous la Seconde, sous le nom de Chaumette, le chef de la Résistance dans l’ensemble du département des Deux-Sèvres. Instituteur, il décida, avec plus de 150 instituteurs, de s’assurer entre eux en créant en 1934 la « mutuelle assurance automobile des instituteurs de France » ; la MAIF. Il en fut le premier président. Grâce à son action, Niort, une agglomération de 120.000 habitants, est devenue la quatrième place financière française, grâce à ses assurances.

- L’avocat Amable RICARD (1828-1876), qui protesta contre le coup d’État du 2 décembre 1851 et fut inscrit sur les listes de proscrits. Adversaire politique du Gouvernement impérial, il devint le chef de l’opposition libérale du département des Deux-Sèvres. Aussitôt après la proclamation de la République, il fut nommé par le nouveau gouvernement préfet des Deux-Sèvres. Élu député des Deux-Sèvres (1871), il en devint vice-président en 1874 et soutint la politique de Thiers. Le maréchal de Mac-Mahon, président de la République, lui offrit le portefeuille de l’Intérieur, poste qu’il occupa pendant quelques semaines. À peine était-il ministre qu’il fut élu sénateur, mais il mourut deux mois plus tard. Dans le même enclos familial repose également son neveu, le géographe Louis DELAVAUD (1860-1924), qui fut ambassadeur de France en Suède.

- Auguste TOLBECQUE (1830-1919) : luthier, compositeur, violoncelliste, il fut l’auteur de L’art du luthier, publié en 1901 à Paris. On lui doit de nombreuses œuvres pour violoncelle solo, violoncelle et piano, dont le célèbre Rondo joué par tous les jeunes violoncellistes. Il rassembla une importante collection d’instruments et d’objets d’art.


Source : comme pour beaucoup de cimetière du département, on consultera l’excellent site des cimetières mellois qui apporte une quantité considérable d’informations et de photos.

Merci à Jean-René Tuaud pour la photo Cornelie de Bourbon.


Commentaires

Brèves

Mise à jour et conseils aux contributeurs

samedi 29 octobre 2022

Je suis en train de remettre à jour toutes les rubriques qui listent le plus exhaustivement possible le patrimoine funéraire de tous les départements. Tous les cimetières visités par moi (ou par mes contributeurs) y sont portés, mise-à-jour des couleurs qui n’étaient pas très claires dans les versions précédentes (le noir apparaissait vert), rajout de tombes depuis les visites, photos de tombes manquantes... N’hésitez pas à les consulter pour y trouver la version la plus globale du patrimoine. Ces rubriques représentent les listes les plus complètes que l’on puisse trouver sur le net du patrimoine funéraire français.

Contrairement aux articles, vous ne pouvez pas interagir sur les rubriques : aussi, si vous avez une information nouvelle à apporter sur un département, merci de laisser votre message en indiquant clairement le département et la commune concernée sur un article dédié uniquement à cela : Le patrimoine funéraire en France : classement par départements

Merci et bonne lecture.

Qui est derrière ce site ?

vendredi 14 février 2014

Pour en savoir un peu plus sur ce site et son auteur :

- Pourquoi s’intéresser aux cimetières ?
- Pourquoi un site sur les cimetières ?
- Qui est derrière ce site ?