CAEN (14) : Église Saint-Étienne de l’abbaye aux Hommes

visité en avril 2010
vendredi 28 octobre 2022
par  Philippe Landru

L’abbaye aux Hommes, ou abbaye Saint-Étienne de Caen, est une des deux grandes abbayes, avec l’abbaye aux Dames, fondées par Guillaume le Bâtard le futur conquérant, vers 1060. Elle offre un très bel ensemble architectural construit entre les XIe et XXVIIIe siècles.

Les ducs de Normandie furent marqués par un profond besoin spirituel et Guillaume le Conquérant dans son programme politico-financier choisit Caen comme deuxième capitale de son duché. Il s’engagea avec sa femme à y fonder deux monastères qui furent déterminants pour l’architecture normande, puis par exportation vers l’Angleterre. Il devait également se faire « pardonner » par l’Eglise le fait d’avoir épousé Mathilde de Flandre, sa parente au cinquième degré, ce qui était interdit par le droit canonique. Il fallait enfin combler le vide laissé par les raids Vikings dans cette région où de nombreux établissements préromans n’avaient pas survécu.

Guillaume le Conquérant (ca1027-1087) fut duc de Normandie, sous le nom de Guillaume II, de 1035 à sa mort, et roi d’Angleterre, sous le nom de Guillaume Ier, de 1066 à sa mort. Après une période de forte instabilité, il parvint à reprendre la domination du duché à partir de la bataille du Val-ès-Dunes, en 1047, et fit de la Normandie un duché puissant, craint des rois de France Henri Ier (1031-1060) puis Philippe Ier (1060-1108). À la suite de la mort du roi Édouard le Confesseur, il profita d’une crise de succession pour s’emparer, après sa victoire à la bataille d’Hastings (1066), de la couronne d’Angleterre. Cette conquête fit de lui l’un des plus puissants monarques de l’Europe occidentale et conduisit à de très profonds changements dans la société anglaise, dont l’élite anglo-saxonne disparut au profit des Normands. Dès lors, il passa la suite de son règne à se défendre face à ses nombreux ennemis, que ce soit en Angleterre (les rebelles anglo-saxons rassemblés derrière Edgar Atheling, les Danois et les Écossais) ou sur le continent (le comte d’Anjou Foulques le Réchin, le comte de Flandre Robert Ier, et surtout le roi de France Philippe Ier). Avant de mourir, le duc-roi régla sa succession : il confia à son fils aîné Robert Courteheuse le duché de Normandie, tandis que son deuxième fils Guillaume le Roux reçut la couronne d’Angleterre. Il mourut le 9 septembre 1087 à Saint-Gervais de Rouen et choisit d’être inhumé dans le chœur de son église Saint-Étienne de Caen.

En contant la triste fin de Guillaume, le chroniqueur Orderic Vital explique que lors de l’inhumation, il fallut forcer son corps pour pouvoir l’introduire dans le sarcophage, si bien que la peau de bœuf dans laquelle il était enveloppé se déchira, faisant éclater son ventre qui exhala une insupportable odeur de putréfaction.

Le tombeau de Guillaume le Conquérant était placé au milieu du chœur (peut-être sous la tour-lanterne). Son fils, Guillaume le Roux, fit construire un monument en marbre, surmonté d’un gisant. En 1522, le mausolée fut ouvert une première fois sur ordre papal. Ce monument fut détruit en 1562 par les huguenots, qui exhumèrent la dépouille, la mirent en pièces, et dispersèrent ses os : seul son fémur gauche aurait été sauvé par le poète Charles Toustain de La Mazurie. La relique fut placée dans un nouveau tombeau en 1642, qui fut remplacé au XVIIIe siècle par un monument plus élaboré, lequel fut détruit en 1793, pendant la Révolution française. Elle fut remplacée en 1802 par la pierre tombale visible actuellement, sous laquelle on plaça le coffret contenant le fémur. L’épitaphe latine indique : « Hic sepultus est invictissimus Guillelmus Conquestor, Normanniæ Dux, et Angliæ Rex, hujus ce Domus, CONDITOR, qui obiit anno M . LXXXVII.

L’ouverture du caveau maçonné se trouvant dans le chœur de l’abbatiale, le 22 août 1983, permit d’étudier le fémur attribué au duc : l’analyse de l’os révéla qu’il s’agissait de celui d’un cavalier d’habitude, de grande stature (1,73 m).


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