LE VIGEN (87) : cimetière
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C’est au cimetière du Vigen, établi sur une pente qui domine le village, que repose Frédéric LE PLAY (1806-1882). Ingénieur des mines, il développa à partir des observations tirées de ses voyages professionnels, à pied sac au dos et bâton en main, à travers toute l’Europe et jusqu’à la Turquie centrale, une méthode comparative d’études des sociétés s’appuyant sur le droit coutumier et les modes d’héritage au sein des familles, devenant l’un des pionniers de la sociologie française.
Soucieuse de la « paix sociale », l’œuvre de Le Play est empreinte d’un conservatisme et d’un paternalisme rigoureux qui portent la trace de penseurs comme Joseph de Maistre et Louis de Bonald. Grand défenseur des valeurs d’Ancien Régime (de la famille, de l’ordre social et du maintien des élites au pouvoir), Le Play est également l’un des penseurs du corporatisme moderne et un théoricien de l’économie sociale. L’ensemble de son œuvre est marquée par un dualisme associant au projet scientifique une constante ambition de réforme sociale empreinte de conservatisme, retenant comme forme idéale de stabilité familiale et sociale le système d’héritage préciputaire (avantage accordé à l’aîné des héritiers) qu’il a étudié dans les Pyrénées et nommé famille souche. Cette dimension politique a contribué à la postérité limitée de son œuvre durant près d’un siècle, avant qu’elle fasse l’objet d’un net regain d’intérêt à partir des années 1960 au sein des nouvelles écoles d’histoire de la famille et d’anthropologie historique sur les systèmes familiaux, ainsi que chez certains sociologues étudiant l’histoire de leur discipline. À partir des années 1990, les travaux de Le Play ont été particulièrement popularisés par l’historien et démographe Emmanuel Todd. Sous le Second Empire, Le Play fut conseiller d’État et réalisa de nombreuses études pour le gouvernement de Napoléon III. L’empereur l’appela à siéger au Sénat du Second Empire en 1867.
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