MARMONT Auguste Frédéric Viesse de (1774-1852)

cimetière Saint-Vorles de Châtillon-sur-Seine (21)
vendredi 28 août 2020
par  Philippe Landru

Fils d’officier de petite noblesse, il commence sa carrière militaire comme simple lieutenant lors des guerres de la Révolution. En 1793, lors du siège de Toulon, il s’attache au général Bonaparte et dans son sillage connait une ascension fulgurante : Bonaparte, devenu entretemps consul puis empereur, le choisit pour des missions éloignées du théâtre principal des opérations militaires. C’est ainsi qu’il est envoyé à la tête d’une armée française en Dalmatie en 1806, dont il est nommé gouverneur général avant d’être fait duc de Raguse en 1808. En 1809, il participe à la campagne d’Autriche et sa victoire de Znaïm lui vaut d’être fait maréchal d’Empire puis gouverneur général des Provinces illyriennes.

Commandant l’armée du Portugal (1811), il est grièvement blessé lors de la bataille de Salamanque (1812), puis participe activement à la campagne d’Allemagne de 1813 et notamment à la bataille de Leipzig où il se distingue, puis à la campagne de France en 1814. Comme beaucoup de généraux français, Marmont se décide à abandonner Napoléon et entre directement en négociation avec l’ennemi pour lui livrer tout son corps d’armée et ainsi priver l’Empereur de toute capacité de riposte. Cette défection oblige Napoléon à abdiquer puis à se retirer sur l’île d’Elbe.

Avec le retour de Louis XVIII et la Restauration, Marmont est fait major-général de la Garde royale puis pair de France en juin 1814. Rejeté et méprisé par les bonapartistes qui voient ces nominations comme une récompense à sa trahison, Marmont est contraint de servir les Bourbons plus qu’il ne l’aurait lui-même souhaité. Il assiste impuissant au retour de Napoléon lors des Cent-Jours et doit s’exiler avec le roi Louis XVIII à Gand. Lors de la Seconde Restauration, Marmont se remet au service des Bourbons mais sans en recevoir d’avantages équivalents à ceux qu’il avait sous l’Empire. Peu à peu marginalisé et ruiné par des placements aventureux dans l’industrie, il en est réduit à solliciter auprès de l’Autriche la restitution de ses dotations de duc de Raguse pour maintenir un niveau de vie convenable.

Il reste toutefois major-général de la Garde royale et c’est à ce titre qu’il s’oppose en juillet 1830 à la révolution de Juillet. Placé à la tête des armées royalistes de Paris par Charles X, il est chargé de mater la révolte. Au terme d’une bataille de trois jours avec les insurgés, Marmont est battu et doit évacuer la capitale, précipitant la chute des Bourbons et l’avènement du duc d’Orléans. Marmont décide de suivre Charles X dans son exil en Angleterre, puis en Autriche. Outre la répression sanglante de la révolution de Juillet, personne en France n’a oublié sa trahison de 1814 en ces temps de retour en grâce de l’épopée impériale. Il finit ses jours en exil après avoir fait de nombreux voyages dont il publie les récits.

Après sa mort à Venise, son corps est rapatrié en France où il reçoit les honneurs militaires du tout nouveau Second Empire. Mais la publication posthume de ses Mémoires en 1856 ravive les passions et il est de nouveau livré à la vindicte populaire.

Il était membre de l’Académie des Sciences. Il fut le dernier survivant des maréchaux d’Empire.


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