LA CLUSE ET MIJOUX (25) : fort de Joux
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Situé au sommet d’un éperon rocheux à mille mètres d’altitude, le château de Joux commande l’entrée de la cluse de Pontarlier, voie de passage naturelle vers la Suisse.
Cette position stratégique en fait un des éléments clefs de la défense des frontières de l’est. Riche d’une histoire dix fois centenaire, le château devient à partir de 1690 et jusqu’en 1815 une prison d’État, qui accueille plusieurs prisonniers célèbres (Mirabeau, Chouans et prêtres réfractaires, Heinrich von Kleist...).
En 1802, Toussaint LOUVERTURE (1743-1803), gouverneur de l’île de Saint-Domingue (actuellement Haïti), y fut emprisonné sur ordre de Bonaparte, pour s’être opposé au rétablissement de l’esclavage des noirs. La Révolution avait porté cet ancien esclave noir affranchi dans les plus hautes strates du pouvoir militaire puis politique de la colonie française de Saint-Domingue jusqu’à sa chute face à l’armée du général Leclerc envoyée par le Premier consul Bonaparte qui, parallèlement, rétablit l’esclavage (1802). En prison, il fut soumis à un régime sévère, isolé, sans possibilité de sortir de sa cellule. Des briques en obstruaient même l’unique fenêtre, ne laissant qu’un petit espace pour la lumière du jour. Ces précautions empêcheront son évasion. Malade, Toussaint Louverture mourut dans sa cellule, le 7 avril 1803, cinq mois après son arrivée.
Le couloir menant à sa cellule est désormais une antichambre où figurent divers témoignages de sa présence, et des hommages rendues par la communauté haïtienne, pour laquelle ce monument est très important.
La cellule de Toussaint Louverture est située au rez-de-chaussée du bâtiment voûté du donjon. Mesurant vingt pieds de long sur douze de large (soit 6,50 m sur 3,90 m), elle est recouverte d’une voûte en plein cintre et d’un plancher en sapin. Le mobilier se compose d’un lit, d’une chaise percée, d’une petite table, de deux chaises et d’une commode. Une cheminée en pierre permet le chauffage. Elle accueille de nombreux visiteurs, venus rendre hommage à celui qui fut le symbole de l’émancipation des peuples. Un mémorial est également érigé sur le versant est du Fort de Joux.
Il fut inhumé sous l’ancienne chapelle Saint-Louis qui fut entièrement détruite lors des travaux de modernisation du fort en 1879 : une casemate se trouve désormais à son emplacement. Lors de ces travaux, des ossements furent retirés qui furent jetés dans les débris servant à colmater les nouvelles fortifications. Une poignée de terre du fort fut symboliquement transférée en Haïti en 1982. Une croix massive, sur l’un des versants du fort, tient lieu de mémorial à Toussaint Louverture tandis qu’une plaque, symboliquement déposée devant le caveau où reposent Victor Schœlcher et Félix Eboué au Panthéon, célèbre sa mémoire.
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