HILLION (22) : cimetière
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Le cimetière d’Hillion est presque un cimetière marin : s’il ne donne pas directement sur la mer, il n’en est qu’à quelques mètres et offre une belle vue sur la baie de Saint-Brieuc.
Le cimetière en lui-même n’a que peu de charme. Quelques vieilles tombes demeurent néanmoins, en particulier quelques enclos familiaux aristocratiques où les croix pullulent.
La célébrité du lieu repose contre le mur droit du cimetière : il s’agit du philosophe d’origine belge Georges PALANTE (1862-1925). Professeur au lycée de Saint-Brieuc où il enseigna la philosophie pendant vingt-sept ans, il publia parallèlement de nombreux articles dans la Revue du Mercure de France, la Revue Philosophique de la France et de l’Étranger et la Revue des Idées.
Sa passion pour Nietzsche et Schopenhauer, son étude approfondie des textes socialistes et anarchistes du XIXe siècle (Max Stirner, Proudhon, Charles Fourier, Paul Lafargue, etc.), sa singularité et une sensibilité personnelle des plus vives le dressèrent en révolté absolu contre la nature et la société. Il se suicida.
L’oeuvre de Georges Palante, restée longtemps à l’écart de celles des penseurs de son temps, exerça toutefois une grande influence, notamment sur ses jeunes amis de Saint-Brieuc : Louis Guilloux — qui fit intervenir son personnage dans plusieurs de ses romans — et Jean Grenier. Par ce dernier, qui fut le "maître" d’Albert Camus, l’idéal palantien resurgit en particulier dans L’Homme révolté. Alors que se sont effondrées les idéologies, cet idéal retrouve aujourd’hui sa pleine actualité, inspirant entre autres Michel Onfray qui lui a consacré un livre.
Il avait acheté la concession sous laquelle il repose, même si, comme on peut le voir, sa sépulture évolua avec le temps. Sur sa plaque funéraire, il a pour épitaphe : L’individu est la mesure idéale de toute chose.
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