SAINT-QUENTIN (02) : cimetière Saint-Jean
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C’est sur un terrain portant anciennement le nom de Champ carotte que fut ouvert en 1802 le cimetière Nord de Saint-Quentin, dit également Saint-Jean, pour remplacer les vieux cimetières paroissiaux. Au début de son histoire, des carrés confessionnels existaient et on devine encore des divisions protestantes (la section 11) ou juive (la 26) au milieu de l’ensemble laïc qu’il est devenu. Dès 1835, une première extension fut faite pour faire face à la croissance démographique.
La première guerre mondiale n’a pas épargné le lieu, et de nombreuses tombes et chapelles furent détruites ou éventrées. La plupart des arbres qui s’y trouvaient furent débités pour le bois nécessaire aux tranchées.
Curiosités
Le cimetière est dominé par l’imposant et spectaculaire monument à la mémoire des soldats morts pour la France pendant la guerre de 1870-1871. Il n’a pas uniquement une fonction commémorative dans la mesure où des soldats reposent bien en dessous. Rappelons que la bataille de Saint-Quentin eut lieu le 19 janvier 1871, durant la guerre franco-prussienne. Elle se termina par une victoire prussienne qui mit fin aux espoirs français de briser le siège de Paris.
Beaucoup de tombes anciennes, parfois assez élaborées et monumentales, sont en très mauvais état. Les portes ont disparu, la pierre se délite...
Les oeuvres d’art sont finalement assez limitées dans ce cimetière, où les chapelles massives et austères dominent. On en trouve cependant quelques unes :
- La tombe Pluchart, très ornée, réalisée par l’architecte H. Lemaitre.
- Une pleureuse alanguie.
Célébrités : les incontournables...
Aucun.
C’est ici que reposa le père Léon Dehon avant son transfert dans l’église Saint-Martin de Saint-Quentin.
Les parents d’Edouard branly reposent dans ce cimetière. C’est également le cas des parents de Gabriel Hanotaux.
... mais aussi
La comédienne Annie ANDERSON (Chantal Andersson : 1939-1970) : comédienne météore, elle fut découverte par André Hunebelle avec lequel elle tourna cinq des six films qui jalonnèrent sa brève carrière. Fasciné par la beauté de la jeune fille, il l’a fit tourner dans de gros succès populaires comme Le Capitan, Le Bossu et Le Miracle des loups. Elle se donna la mort par pendaison à 29 ans.Elle repose dans la chapelle Galant.
Le Compagnon de la Libération Raymond APPERT (1904-1973), officier de formation en poste à Djibouti lors de l’armistice. Il fut l’un des principaux artisans du ralliement de la côte française des Somalis en décembre 1942 : par la suite, il organisa en Afrique le régiment d’AEF et Somalis dont il prit le commandement. Il termina sa carrière comme commandant supérieur des Troupes du Pacifique en 1962.
Le journaliste Xavier AUBRYET (1827-1880), auteur de quelques publications qui connurent un certain succès en leur temps. Sa chapelle fut reprise et ses restes conduits à l’ossuaire.
Paul BÉRANGER (1834-1886), qui se fit élire député de l’Aisne en 1885 et qui mourut peu après.
Emile BILLION (1850-1915) : natif de Saint-Quentin, il partit au Brésil pour participer à l’installation d’une sucrerie. Il y resta et là-bas, il fit fortune en créant une fabrique de glace réfrigérante. Lorsqu’il rentra en France au début du XXème siècle, il résida à Villequier-Haumont dont il devint maire.
L’architecte Louis BRASSART-MARIAGE (1875-1933), auteurs de très nombreux édifices (mairie, églises, hospices...) dans toute la région. Il proposa un plan d’urbanisme de Saint-Quentin qui fut en partie réalisé lors de la reconstruction après la guerre. Avec lui reposent son fils Henry BRASSART (1902-1957) et son petit-fils Claude BRASSART (1926-1970), également architectes.
Le peintre Jules DEGRAVE (Jules Pétrouillard : 1844-1932) : ancien élève de Gêrome, il exposa au Salon des scènes de genre où les enfants tiennent souvent un rôle important. Il enseigna également à Saint_Quentin.
Dans le même tombeau reposent l’architecte Henri DELMAS-AZEMA (1833-1915),
- Marc Delmas
qui fit de très nombreuses réalisations à Saint-Quentin ; son fils Marc DELMAS (1885-1931), compositeur qui fut un des élèves de Paul Vidal, qui remporta le Second Grand Prix de Rome en 1919, et qui fut l’auteur d’une opérette et de musique de chambre ; et son gendre Gustave MALGRAS (1863-1923), également architecte qui travailla dans toute la Picardie. Leur tombe est ornée de deux médaillons en bronze par Ernest Dubois. Celui qui de gauche (Gustave Malgras) a hélas disparu.
- Avant / après...
Trois députés reposent dans une même chapelle : Ernest (1840-1893), député en
- Jules
- Charles
1889 ; son frère Jules (1845-1917), député de 1893 à 1914, et Charles, fils de Jules DESJARDINS (1878-1951), député (de 1919 à 1928, puis de 1946 à 1951), mais aussi sénateur (de 1930 à1945).
Le poète belge Henri GALOY (Henri Derche : 1878-1937), auteur de plusieurs recueils de poèmes. Il fut également critique dramatique. Le médaillon en bronze qui orne sa tombe est du sculpteur valenciennois Pierre-Victor Dautel.
L’industriel François HUGUES (1848-1907), administrateur des hospices et maire de Saint-Quentin de 1886 à 1896, qui fut député de l’Aisne de 1893 à 1907, siégeant chez les progressistes. Il repose dans la chapelle familiale, où il est représenté, ainsi que son père, le manufacturier Hugues-Cauvin, dans le bronze par Corneille Theunissen.
Le soldat napoléonien Antoine LAMOURET (1779-1839), dont la longue épitaphe retranscrit l’ensemble de la carrière militaire.
L’architecte Jules Joachim MALEZIEUX (1851-1906), qui repose avec son épouse Laurence (1852-1941), fille de Désiré Laugée. Elle fut graveur. Repose également dans le caveau leur fille Odette (1889-1944), compositeur de musique et Premier violon à l’Orchestre Royal de Bruxelles.
Le peintre Amédée OZENFANT (1886-1966), qui après le cubisme fonda le Purisme dont il fut un des principaux théoriciens. Proche de Fernand Léger et de Le Corbusier, il élabora un véritable langage plastique, une nouvelle esthétique en accord avec le développement industriel du début du XXe siècle.
L’architecte Charles Napoléon PINGUET (1806-1889).
La comédienne Germaine RISSE (1895-1998), qui tourna pour le cinéma de 1916 aux années 30 (en particulier dans la série de films de Rigadin), avant de mourir à l’âge de 102 ans ! Elle repose dans la chapelle Touron.
Merci à Simon Tiron pour les photos Risse et Malezieux.
Un site d’histoire locale très riche existe, celui de la Société Académique de Saint-Quentin : il répertorie en particulier une bonne partie des tombes intéressantes de Saint-Quentin (les photos des tombes Béranger, Billion et Desjardins en proviennent). On trouvera ce site sur ce lien.
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