FRUCOURT (80) : cimetière
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Le cimetière de Frucourt, situé au milieu des parcelles de blé et de lin dans une zone boisée, est bien bucolique. On y pénètre par un porche typique de la région.
La célébrité principale du lieu est la créatrice de mode italienne Elsa SCHIAPARELLI (1890-1973).
C’est en 1927 qu’elle ouvrit à Paris son premier magasin. Elle y créa des pulls avec de grands nœuds en trompe-l’œil qui furent ses premiers succès. Quelques années plus tard, elle s’installa place Vendôme et collabora avec des artistes surréalistes : ceux-ci créèrent pour Schiaparelli des motifs, des objets, des décors, des accessoires (sa célèbre transformation d’un escarpin en chapeau !). Elle introduisit le tweed pour le soir, la jupe- culotte et présenta des silhouettes avec des épaules remboursées. En 1936, elle lança le parfum Shocking dont le flacon, qui représentait un torse de femme moulé d’après Mae West, fit scandale. Elle fut également l’inventrice du « Rose shocking » qui devint sa marque de fabrique. Arletty ou Wallis Simpson comptaient parmi ses clientes fidèles.
En 1940, elle s’exila aux États-Unis jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale et confia sa maison de couture à un bras droit avant de revenir en France après la Libération. Parmi les jeunes modélistes qu’elle embaucha, un certain Hubert de Givenchy...
Elsa Schiaparelli fut la grand-mère de l’actrice Marisa Berenson et de Berry Berenson, épouse d’Anthony Perkins, qui était à bord du vol qui s’est écrasé contre la première tour du World Trade Center, le 11 septembre 2001.
Elle était tombée sous le charme de cette petite commune dont elle appréciait la tranquillité, d’où sa présence dans ce cimetière. Sa tombe, à l’écart au fond du cimetière, est surmontée d’une grande croix en fer forgé. Au centre de celle-ci, entourée de deux angelots, une signature stylisée est gravée dans l’acier.
D’autres curiosités nous attendent dans ce cimetière. Un peu à l’écart se dessine une sorte "d’annexe" réunissant plusieurs tombes (ou de pancartes indiquant la présence de cendres) autour d’une chapelle centrale, celle des Morgan.
James Morgan était un négociant amiénois du XVIIIe siècle qui devint seigneur de Frucourt : c’est lui qui fit construire l’actuel château de la commune. Il repose, avec son fils et son petit-fils (qui fut maire du village de 1808 à 1817) dans l’église du village. Ce sont donc leurs descendants plus contemporains qui reposent dans cette chapelle du cimetière bâtie en 1876. Elle est désormais a priori abandonnée et en mauvais état.
Juste à coté se trouve le tombeau de la famille Forceville, qui leur succéda à la tête du château. Parmi les membres de cette famille repose en particulier Clara Hahn-Seminario (+1942), qui était la soeur du compositeur Reynaldo Hahn.
Derrière cette chapelle, discrète, se trouve une petite plaque indiquant la présence des cendres de Charles Wiston Browne Rankin (+1977), chef de cabinet du lord chancelier d’Angleterre. Juste à coté se trouve la plaque indiquant la plaque cinéraire de Richard BAYLISS (1917-2006), médecin endocrinologue. Il fut le médecin particulier de la reine Elisabeth et de la famille royale britannique de 1970 à 1983. Les deux britanniques partagèrent la même épouse.
Encore plus énigmatique, toujours dans cette partie isolée du cimetière, la tombe d’un jeune laotien mort à 20 ans en 1976 : je n’ai rien trouvé sur lui.
On trouve enfin dans le cimetière la tombe de Jean Raymond COLIN (1927-1959), jeune peintre amiénois issu d’une famille de Frucourt. Il mourut d’une longue maladie (la sclérose en plaque). Dès sa paralysie, il se consacra à son journal intime qui fut publié après sa mort. Il fit plusieurs expositions en France et à l’étranger. Conformément à la volonté de l’artiste, sa pierre tombale avait été recouvert de terre afin de permettre à la végétation de pousser naturellement, mais un tombeau bien plus élaboré l’a remplacé désormais.
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