QUIMPER (29) : cimetière Saint-Marc
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L’ancien cimetière Saint-Mathieu étant trop petit, on créa à la veille de la Révolution un nouveau cimetière autour de la chapelle Saint-Marc. Cette nécropole affirme fermement son identité bretonne, tant par le choix des matériaux, la domination du catholicisme, que de l’utilisation de symboliques régionales (triskèles, menhirs...).
Curiosités
Le cimetière Saint-Marc à la caractéristique d’abriter une chapelle qui lui a donné son nom. Reconstruite au XIXe siècle avec un réemploi de la chapelle médiévale, elle est désormais désaffectée.
Dans le mur d’enceinte de cette chapelle, à l’extérieur du cimetière, figure une pierre bien plus ancienne. Cette pierre porte une inscription dont le début proclame : « Marc fut du siècle comme vous Priez pour lui, Dieu, pensez de vous ». Il s’agit donc probablement d’une pierre funéraire. Elle provient de l’ancienne chapelle Saint-Marc et a été remployée dans l’édifice actuel, qui date du XVIIIe siècle. Le cimetière qui l’accompagne est aménagé au moment du transfert du cimetière paroissial de Saint-Mathieu, en 1788.
Quimper avait au XIXe siècle la particularité d’abriter, en pleine terre catholique,
- L’enclos protestant.
une communauté protestante de quelques dizaines de membres (Le recensement de la population de 1851 fait état de 35 protestants à Quimper pour la plupart d’origine suisse à l’exception de 5 anglais, de 3 norvégiens et d’un français. Le 14 janvier 1880, à la demande du maire de Quimper, le commissaire de police rédige un rapport recensant les protestants de Quimper : « Le nombre de protestants communiants résidant à Quimper s’élève à 40 environs). L’essentiel de cette communauté était donc constitué d’immigrés Suisses du canton des Grisons, qui pour la plupart travaillaient aux professions de confiseurs et de limonadiers ! Après avoir obtenus la construction d’un temple en 1847, les catholiques réclamèrent la séparation, au sein du cimetière, des deux communautés : l’enclos protestant ouvrit ses portes en 1849. Il est toujours apparent dans l’actuel cimetière, séparé par un petit muret, et disposant de sa propre porte.
Le cimetière présente la particularité d’être coupé en deux par... une voie ferrée ! En effet, la ligne reliant Quimper à Pont-l’Abbé, construite en 1883, empiéta sur sa partie nord. Après la Première Guerre mondiale, il fut agrandi, l’extension portant le nom de « Salonique » (comme au cimetière de Terre-Cabade, à Toulouse).
Célébrités : les incontournables...
Pas de célébrité incontournable à Quimper.
Louis Hémon, l’auteur de Maria Chapdelaine, est né à Brest et est mort accidentellement à Chapleau, au Canada, où il repose. Sa famille était néanmoins originaire de Quimper et une plaque rappelle sa mémoire.
... mais aussi
Yves-Marie AUDREIN (1741-1800) : prêtre et professeur au collège de Quimper puis au collège Louis-Le-Grand à Paris (il eut Robespierre et Saint-Just pour élèves), il fut élu député du Morbihan, siègea à la Convention et vota pour la mort du roi. Nommé évêque de Quimper en 1798, il fut assassiné deux ans plus tard par douze hommes armés, commandés par le chef contre-révolutionnaire Le Cat d’Audierne, probablement financés par les émigrés d’Angleterre. Sa dalle funéraire, totalement illisible, est toujours présente dans le cimetière.
Alfred BEAU (1829-1907) : photographe et peintre, il s’installa à Quimper en 1870 et prit la direction artistique de la faïencerie Porquier. En s’inspirant des gravures de la galerie armoricaine, il renouvela le décor des faïences quimpéroises et triompha à l’Exposition universelle de 1878. ces ateliers produisirent jusque vers 1900 des pièces qui menèrent la faïence bretonne régionaliste à un sommet de qualité. Plats, assiettes, vases, jardinières..., devinrent de véritables petits tableaux où le premier décor simpliste « à la bretonne » fut remplacé par des scènes vivantes et colorées : baptêmes, sorties de noce, scènes de taverne, jeux d’enfants, illustrations de légendes... Il était le gendre de l’écrivain Emile Souvestre. Sur la stèle du monument funéraire, figurent une palette de peinture et un médaillon du défunt réalisé par Hector Lemaire.
Louis-Félix FLORENT (1830-1900) : ingénieur, il contribua à l’essor de l’industrie navale japonaise et construisit plusieurs phares dans la baie d’Edo (c’est pour cette raison qu’un chrysanthème est visible sur sa chapelle funéraire).
Louis HÉMON (1844-1914), cousin de son illustre homonyme, fut avocat, député (1876-1885 puis 1889-1912) et sénateur (1912-1914) du Finistère (Gauche républicaine). Dans ce même caveau repose son gendre, le comédien Pierre NAY (Pierre Nonnez-Lopes : 1898-1978), qui tourna au cinéma des années 20 aux années 30.
Deux menhirs bruts se dressent autour de cette tombe où reposent un père et son fils : Georges LE BAIL (1857-1937), avocat, député (1902-1928) puis sénateur (1928-1937) du Finistère, évoqué par Pierre-Jakez Hélias dans son célèbre Cheval d’orgueil ; et Georges LE BAIL-MAIGNAN (1882-1918), avocat et député (1914-1918) du Finistère. Leur portrait, en médaillon, fut réalisé par René Quillivic, à qui Georges Le Bail, maire de Plozevet, avait commandé de son vivant plusieurs monuments funéraires commémorant les morts de la Première Guerre mondiale.
L’industriel Alexandre MASSÉ (1829-1910) qui ne fut rien de moins que l’inventeur ... du bouton à quatre trous (!) Selon certains récits, il aurait fait le rapprochement entre les maladies de l’hiver à répétition et le fait que les manteaux fermaient mal, du fait que les boutons à deux trous utilisés ne restaient pas longtemps en place. De là lui vint l’idée simple d’ajouter deux trous aux boutons existants. À partir de 1872, ses boutons furent vendus jusqu’en Europe et en Amérique, lui assurant une très grande fortune. En 1874, il obtint de grands marchés pour la passementerie nécessaire aux vêtements militaires. Il fut un philanthrope pour Quimper.
Adolphe PORQUIER (1849-1903) : négociant à Quimper, il fut un des fondateurs du parti républicain dans cette ville. Adjoint, puis maire de Quimper, il fut sénateur républicain du Finistère de 1901 à 1903.
Le comte Jean Marie François Xavier de SILGUY (1785-1864) : ingénieur des Ponts-et-Chaussées dans le Finistère (1810-1827), la Loire-Inférieure (1821-1830), les Landes et la Gironde (1830-1842), il dirigea notamment les travaux du canal de Nantes à Brest jusqu’en 1830, puis ceux du boisement des Landes de Gascogne. Le legs de sa collection de peinture donna naissance au musée des Beaux-Arts de Quimper.
Le peintre et photographe Jean-Marie VILLARD (1828-1899), peintre et photographe. Dans le même caveau repose le peintre Robert VILLARD (1903-1975).
lSource : Topic-Topos + bertrandbeyern.fr
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