LE FEUVRE Arsène (1863-1936)

Cimetière de l’Ouest du Mans (72)
dimanche 20 janvier 2013
par  Philippe Landru

Le Feuvre : jamais entendu parler direz-vous... Logique, et c’est pourquoi c’est intéressant de présenter les célèbres inconnus. En ce jour de belles neiges, venez ouïr la belle histoire du bébé Cadum ! Plus sérieusement, voilà, une nouvelle fois, comment les cimetières peuvent nous enseigner des tas de choses sur l’origine des mots, des produits... Tout est trouvable sur le net, encore faut-il le chercher, et le détour d’une tombe est matière à ce genre de trouvailles...


La belle histoire de Cadum


En 1907, Michael Winburn, homme d’affaires américain, achète à Paris un baume capable d’éradiquer les eczémas tenaces. Guéri grâce à cette pommade, ce dirigeant d’une entreprise de produits chimiques, l’Omega Chemical Company, et d’une agence de publicité, décide de s’associer au pharmacien Louis Nathan, pour commercialiser ce remède. L’huile de Cade utilisée comme composant du remède, donne son nom à la marque : Cadum.

L’usine de Courbevoie commercialise alors en pharmacie le baume à l’huile de cade, une pommade et un dentifrice. Le savon Cadum apparaît en 1912 dans tout type de points de vente à prix modique. Sur le modèle de l’économie américaine, la société base son commerce sur la publicité et la démocratisation des préceptes hygiéniste en France autour de l’usage du savon solide. On peut ainsi lire « Ne vous grattez jamais ! Pommade Cadum soulage immédiatement et guérit toutes les affections de la peau ».


Et Arsène Lefeuvre dans tout cela ?


Winburn adopte le marketing moderne reposant sur un concept fort (douceur + bébé + code couleur rose) et a recours à une publicité intensive utilisant l’image du bébé Cadum.

Il commande en 1912 au peintre académique Arsène-Marie Le Feuvre l’illustration d’un poupon, devant symboliser la propreté et la douceur.

Arsène LE FEUVRE (1863-1936) fut maire du Mans de 1925 à 1932,

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Le style pompier d’Arsène Le Feuvre

mais il fut également un artiste peintre et un illustrateur reconnu. C’est la raison pour laquelle il fut choisit pour créer le bébé, à la sortie du bain, assis sur un drap devant la baignoire, avec savon et éponge, devenu l’image emblématique de Cadum.

Décliné, il colonisa les murs de Paris après la Première Guerre mondiale. En parallèle, la marque utilise les stars de l’époque, dont Mistinguett, Gabrielle Robinne et Huguette Duflos, pour vanter ses mérites.

La popularité de la marque est telle que chaque année est organisé le concours du plus beau bébé de France. En réponse au succès du savon, la gamme de produits Cadum s’enrichit d’un talc, d’une cold-cream et d’un shampooing dans les années 1930. A cette époque, plus d’un Français sur deux utilise la célèbre savonnette.


Mais qui était le bébé Cadum ?


Au fil des années, le public a nourri de nombreux fantasmes sur l’identité du bébé Cadum. En 1956, France dimanche publie un article intitulé « Le bébé Cadum, c’est moi ». Le papier révèle que le fils d’Arsène Le Feuvre serait le fameux bébé Cadum. Son père se serait inspiré de photographies de lui pour dessiner le célèbre marmot. Une affirmation démentie par Charles Michaelis, le fils du patron de Cadum en 1912. Agé de deux ans à l’époque, Charles était rond et dodu comme l’est le bébé Cadum. Il est persuadé d’être son modèle. D’autres encore revendiquèrent cette place. En réalité, on ne sait évidemment pas qui fut l’inspirateur du bébé...

Après la guerre, alors que les savons de Marseille disparaissaient à l’avantage des lessives, la société Cadum lança le premier détergent sous la marque PEC (Produit d’entretien Cadum).
L’acronyme n’était pas satisfaisant, on décida donc de le rebaptiser... PAIC !

La prochaine fois que vous utiliserez du Paic Citron pour faire votre vaisselle, vous vous rappellerez de Pec, de Cadum, du bébé, de Le Feuvre, et du cimetière de l’Ouest du Mans !


La tombe


Avec une si belle histoire, on en oublierait presque l’objet du site...

Arsène Le Feuvre fut inhumé sous un monument dédié à sa fille Marthe, décédée jeune en 1899. Un ange bienveillant vient y chercher une jeune enfant en prière, son doigt pointant le ciel.

Dans ce tombeau reposent également :
- son père, le sculpteur Pierre LE FEUVRE (1839-1901).
- son fils, également peintre et décorateur, Arsène LE FEUVRE fils (1883-1965), celui-là même qui revendiqua être l’inspirateur du bébé Cadum.


Commentaires

LE FEUVRE Arsène (1863-1936)
mardi 19 août 2014 à 10h41

que pensez-vous du commentaire de Didier Daeninckx dans son livre « la pub est déclarée » : il dit que le dessinateur de l’affiche « toutes les classes fument le RIZ LA + » s’est largement inspiré du travail du peintre Arsène-Marie Le Feuvre...(p93 du livre cité)

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mardi 19 août 2014 à 10h49 - par  cp

Ah ben, quand Didier dénonce !...