ROYAN (17) : cimetière des Tilleuls

jeudi 24 mai 2012
par  Philippe Landru

C’est en 1850 qu’ouvrit le cimetière des Tilleuls, remplaçant l’ancien cimetière qui se trouvait près de l’église Saint-Pierre, fermé et désaffecté cette même année. Aujourd’hui, il est le cimetière ancien de la ville.

Quelques vieilles chapelles de notabilités locales apportent un caractère certain à cette nécropole. La blancheur minérale l’emporte clairement sur la végétation, ici peu présente.


Curiosités


-  Un accident ferroviaire eut lieu à Saujon le dimanche 14 août 1910, sur le réseau de l’État, à l’entrée de la gare de cette commune lorsqu’un train de voyageurs allant de Bordeaux à Royan prit en écharpe un train de marchandises de sens opposé imparfaitement garé sur une voie d’évitement. Survenant moins de deux mois après un autre grave accident à Villepreux sur le même réseau, il suscita l’émotion par son bilan encore plus lourd, et relança les controverses sur l’exercice d’activités industrielles et commerciales par les personnes publiques. le bilan de l’accident peut être établi à 38 morts et 103 blessés. Plusieurs victimes reposent dans ce cimetière (Albert et Marguerite Conte, Constant Papillon).

- La tombe du canonnier Ballentine se signale par les pyramides de boulets de canon qui portent la chaîne d’un imposant mausolée. On y apprend qu’il « mourut au feu » à la forteresse de Royan en 1884. Volonté patriotique de raviver le feu guerrier très ans après la guerre : il eut droit à des obsèques nationales alors qu’il était mort des suites de l’explosion accidentelle d’un fortin !

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Tombeau de l’ingénieur des Ponts-et-Chaussées Auguste Charles Botton.


Célébrités : les incontournables...


- André LAGARDE


... mais aussi


- Janine AUTRÉ : sa tombe indique que cette jeune fille de 25 ans, décédée à une date inconnue, fut « danseuse étoile de l’Opéra de Nice et du Théâtre impérial de Stockholm ».

- Marcel BAUDEZ (1877-1940), qui consul général à Shanghai dans les années 30 (il y laissa son nom à un hôpital) avant d’être envoyé à Mexico. Inhumé à Montpellier, cette tombe n’est pour lui qu’un cénotaphe.

- Etienne BAUDRY (1830-1908) : dandy fortuné, il appartient au petit groupe des
bourgeois républicains de Saintes. Il fit « hurler le bourgeois » quand il proposa que le propriétaire terrien devienne directeur d’une société par actions dont le domaine serait le capital et les paysans les actionnaires, ou encore quand il s’attaqua à la vie domestique en prônant le libre-service. Il prévoyait la disparition des domestiques remplacés par des femmes de ménages rémunérées à la tâche. Inventeur à ses heures, il fut le grand ami du peintre Courbet et l’accueillit princièrement en Saintonge. À la mort du peintre, il offrit les tableaux qu’il avait acquis de Courbet à la sœur du peintre pour que les chefs-d’œuvre du maître d’Ornans soient exposés aux yeux du public. Il se lia d’amitié avec les impressionnistes. Sa plaque porte comme épitaphe Une vie de mécénat en Saintonge.

- Edouard Alexandre BRAQUET (1874) : « aéronaute-gymnasiarque » parisien, ce bateleur avait créé un spectacle d’acrobaties aériennes. Suspendu à un trapèze accroché à un ballon captif à plusieurs dizaines de mètres au-dessus du sol, l’audacieux enchaînait les figures les plus invraisemblables sous les yeux du public. Le 9 août 1874, après un départ incontrolé du ballon, il resta accroché par la ceinture à l’aérostat. Le cordon céda peu à peu, s’allongea, se rompit. Braquet vint s’écraser au sol, aux pieds des spectateurs terrifiés. Sa tombe est toujours présente dans le cimetière.

- Robert CHAMBOULAN (1903-1959) : journaliste, il fut également l’auteur de romans de cape et d’épée sous le nom de Robert Jean-Boulan, de policiers sous le nom de Gilles Hersay, et de nombreux poèmes. Avec lui repose son épouse, Germaine PELLETAN (1903-1989), également écrivaine, qui travailla aussi sous diverses identités : elle fut une romancière prolifique, qui écrivit des romans pour la jeunesse (notamment pour les collections Pierrot et Lisette, ou la Bibliothèque Pervenche), des romans policiers et de nombreux romans sentimentaux. Dans le même caveau repose leur gendre, Georges TOUROUDE (1924-2001), résistant, militant des Droits de l’Homme et écrivain.

- Sébastien FAURE (1858-1942) : anarchiste français, il devint en 1894 le tuteur de Sidonie Vaillant après l’exécution de son père, Auguste Vaillant. En 1895, il fonda, avec Louise Michel, le journal Le Libertaire. Lors de l’affaire Dreyfus, il fut l’un des leaders du combat dreyfusard. En 1904, il crée près de Rambouillet une école libertaire dénommée « La Ruche ». Il commença à diffuser des tracts pacifistes et antimilitaristes contre la guerre, appelant à la désertion parmi les troupes. Il fut l’auteur en 1934 de l’Encyclopédie anarchiste, composée de plus de 3000 pages, qu’il écrivit avec divers militants anarchistes de l’époque (il ne publia que trois des quatre tomes prévus). En 1936, il s’engagea dans la guerre civile espagnole. Pédagogue, il laissa également un grand nombre d’ouvrages.

En 1993 à l’initiative de la Libre Pensée girondine et du groupe Sébastien Faure, sa tombe fut restaurée. Une plaque en marbre noir reprenant l’épitaphe d’origine « A Sébastien Faure le grand orateur libertaire et libre penseur, ses compagnons d’aujourd’hui pour ceux de demain, 14 juillet 1942  », fut apposée.

- Le général Paul GANDOET (1902-1995), figure légendaire de l’armée d’Afrique. En janvier 1944, à la tête d’un bataillon de tirailleurs tunisiens dans le cadre du corps expéditionnaire du futur maréchal Alphonse Juin en Italie, il s’illustra dans ce qui fut la bataille du Belvédère, un sommet-clé des Apennins, entre Naples et Rome, qu’il enleva aux Allemands dans des conditions particulièrement éprouvantes.

- Frédéric GARNIER (1836-1905) : maire de Royan de 1871 à 1904 (c’est sous son mandat que la ville se développa vraiment), il fut député de cette Charente qu’on disait à l’époque « Inférieure » de 1889 à 1903, puis sénateur de ce même département de 1903 à sa mort.

- Jean GOULY (1799-1881) : c’est une catastrophe fort connue qui apporta une gloire certaine à ce jeune matelot : il était en 1816 sur la frégate « La Méduse » dont on connaît la tragique destinée au large de l’Afrique de l’Ouest. Jean Gouly dut son salut à une chaloupe providentielle, moins célèbre que le fameux radeau immortalisé par Géricault, mais qui eut le mérite de le mener ainsi que ses camarades d’infortune à bon port. Il devint par la suite inspecteur des Balises, profession certes moins glorieuse mais certainement plus rassurante.

- Le peintre et sculpteur Marcel Emmanuel KIEN (1907-1985), dont la tombe « semi-pyramidale » est surmontée d’une oeuvre de sa création.

- Yvonne PITROIS (1880-1937) : auteure de livres populaires, y compris de multiples biographies de personnages historiques. Sourde depuis l’enfance, elle plaida pour le bien-être des sourds et aveugles dans son travail, y compris par la création de deux magazines proposant des conseils et des histoires inspirantes sur les personnes sourdes. Elle reçut, en 1929, le prix Montyon pour les efforts de toute sa vie en faveur de la communauté sourde.

- L’auteur-compositeur Daniel RINGOLD (Daniel Reingold : 1932-2001), auteur quelques textes des opérettes de Francis Lopez, réalisateur du film Hombo en 1985, et auteur d’ouvrages sur Luis Mariano et Maurice Chevalier.

- Le baron Pierre de SAINT-MART (1885-1965) : haut fonctionnaire colonial, il fut nommé en mars 1939 gouverneur intérimaire de l’Oubangui-Chari. Le 29 août 1940, il rallia ce territoire à la France libre en se heurtant à l’opposition absolue du commandement militaire de la région. Il administra les territoires de l’Oubangui-Chari avec la plus grande compétence, développant les cultures (coton), les infrastructures (routes, ponts), la fidélité des indigènes, et versant à la France libre plus de cinq millions pour son armement. Il fut fait Compagnon de la Libération dès 1942, et devint en 1943 Gouverneur général de Madagascar.

- Cathy STEWART (Catherine Greiner-Péricaud : 1956-1994) : actrice de films pornographiques, elle fut l’une des vedettes du genre dans les années 1970 et tourna également dans quelques productions érotiques. Elle serait morte d’une overdose.


Merci à Nicolas Badin pour les photos.


Commentaires

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ROYAN (17) : cimetière des Tilleuls
lundi 5 août 2019 à 05h54 - par  Thierry Malandain

A propos de Janine Autré, la danseuse est décédée en 1933, probablement le 1er janvier.

La mort de la danseuse Janine Autré paraît entourée d’un certain mystère. Elle avait créé la « Danse de la Poupée » avec Robert Quinault, le célèbre maître de ballet, dont elle fut l’élève et qu’elle accompagna au cours d’une grande tournée de plusieurs mois à travers l’Europe. Elle s’était fait applaudir sur la scène de tous les grands music-halls parisiens où sa grâce, alliée à une connaissance parfaite de la plus pure danse classique, lui avait valu des triomphes. Délaissant les scènes parisiennes, elle était devenue première danseuse de l’Opéra de Nice. Sa fin inattendue détruit tous les espoirs que ses amis avaient conçus pour elle et qu’elle avait si brillamment justifiés jusqu’à présent. L’Œuvre, 3 janvier 1933

Janine Autré, que Paris avait applaudie sur la scène des plus grands music-halls, est morte dimanche matin à Royan, où son état de santé précaire l’avait contrainte à se retirer depuis un an. Janine Autre, avait débuté très jeune. Elle n’avait pas plus de dix ans lorsqu’elle parut pour la première fois en public. Sa grâce, son charme délicat et fin, et le sens inné de la danse qui était en elle lui valurent rapidement les succès les plus flatteurs. Qui, aujourd’hui encore, ne se souvient de cette délicieuse « Danse de la poupée » qu’elle créa avec Robert Quinault et où elle était inégalable ? Le plus grand avenir lui était promis. Le destin ne l’a pas voulu. Sa mort soudaine navrera tous ses amis. Le Journal, 3 janvier 1933

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ROYAN (17) : cimetière des Tilleuls
dimanche 12 octobre 2014 à 18h36 - par  Bernadette Bessodes

Après avoir contacté récemment la conciergerie du cimetière Saint-Lazare de Montpellier où est inhumé Marcel BAUDEZ, ce dernier, consul général à Sanghai de 1936 à 1939, était né le 2 octobre 1878 et décédé le 21 novembre 1941.

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mardi 28 juin 2016 à 16h28 - par  Chevallier

Je confirme pour Marcel Baudez, les dates de naissance et décès que possèdent son petit-fils sur son livret à Montpellier et dates qui figurent avec copie des actes dans son dossier Légion d’honneur à la Chancellerie.
D’autre part une exposition permanente a été inaugurée en 2005 à la Maison de Montpellier à Chengdu (jumelée avec Montpellier) exposant des objets personnels de Baudez.

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dimanche 12 octobre 2014 à 21h37 - par  MARRY Ghislain - EVIGNY (Ardennes)

Je confirme les dates de décès et de naissance de Marcel BAUDEZ.
Celui-ci est bien décédé le 21 novembre 1941 à l’âge de 63 ans.

(Source : « Gallica - le Figaro du 25 novembre 1941 » )

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samedi 29 octobre 2022

Je suis en train de remettre à jour toutes les rubriques qui listent le plus exhaustivement possible le patrimoine funéraire de tous les départements. Tous les cimetières visités par moi (ou par mes contributeurs) y sont portés, mise-à-jour des couleurs qui n’étaient pas très claires dans les versions précédentes (le noir apparaissait vert), rajout de tombes depuis les visites, photos de tombes manquantes... N’hésitez pas à les consulter pour y trouver la version la plus globale du patrimoine. Ces rubriques représentent les listes les plus complètes que l’on puisse trouver sur le net du patrimoine funéraire français.

Contrairement aux articles, vous ne pouvez pas interagir sur les rubriques : aussi, si vous avez une information nouvelle à apporter sur un département, merci de laisser votre message en indiquant clairement le département et la commune concernée sur un article dédié uniquement à cela : Le patrimoine funéraire en France : classement par départements

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vendredi 14 février 2014

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