DOURDAN (91) : cimetière
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Tout en pente, et divisé en deux parties : à gauche la partie ancienne, et ses tombeaux plutôt conservés dont certains semblent avoir un âge canonique ; à droite les allées rectilignes et entretenues du cimetière nouveau : tel est l’aspect du cimetière de Dourdan. L’impression qui s’en dégage, comme souvent les cimetières des villes de cette taille dans cette région, est celle de la pierre usée, malade, les écritures régulièrement peu lisibles, sur un terrain parfois meuble qui met régulièrement les sépultures de guingois. On y trouvera un bel aréopage de personnalités très oubliées.
Curiosités
Peu de choses. La statuaire funéraire se limite en tout et pour tout à un bas-relief sur la tombe d’un jeune résistant tombé en 1944 (Jean-Francis Noël). Il donna son nom à l’une des places de la ville.
Célébrités : les incontournables...
... mais aussi
Pierre CECCALDI-PAVART (1921-2004) : maire de Dourdan de 1959 à 1983, membre de l’UDF, il fut sénateur du département de 1977 à 1986.
Frédéric Auguste DEMETZ (1796-1873) : avocat à la Cour de Paris, il voyagea aux Etats-Unis où il fit connaissance avec le système carcéral local. Réformateur, il fut le fondateur en 1839 de la Colonie pénitentiaire de Mettray, près de Tours, une « prison sans murs » à la manière des établissements collectifs utopiques (tels les phalanstères). Elle comportait, outre le réfectoire et les dortoirs, une chapelle, des ateliers, des étables, de vastes champs cultivés et une carrière de pierres. S’inscrivant dans la lignée du mouvement philanthropique, il s’agissait de régénérer, au contact de la nature, par le travail manuel et la prière, des adolescents que la prison aurait sûrement pervertis. L’endroit se révéla finalement redoutable, les conditions de vie y étant repoussantes. Jean Genêt, qui y fut détenu, en dresse un tableau assez glauque. Le lieu fut finalement fermé à la fin des années 30.
Paul DIARD (1833-1879), qui fut préfet de la République (Drôme en 1873, Loir-et-Cher en 1873-1874).
Le genéral baron Auguste JUBÉ de la PÉRELLE (1765-1824), qui fut inspecteur général des côtes de la Manche (1793-1796), commandant en second de la garde du Directoire exécutif à l’automne 1796, membre du Tribunat à partir de 1799, préfet de Doire de 1808 à 1813, puis du Gers en 1813. Les identités sur sa tombe, très bien entretenue par la commune, mériteraient à nouveau une petite embellie.
La comédienne Madeleine LARSAY (Madeleine Bouchard : 1895-1947), dont l’épitaphe proclame « de grand talent et de grand coeur, aux sentiments si élevés - morte à la peine - ».
Le philosophe des mathématiques Albert LAUTMAN (1908-1944). Entré dans la Résistance et dénoncé, il fut fusillé. Une rue de Toulouse porte son nom, également mentionné au Panthéon de Paris sur la liste des écrivains morts pour la France.
Roustam RAZA (როსტომ რაზმაძე : 1782-1845) : fils d’un négociant arménien né en Géorgie, sa famille fut ensuite dispersée lors de la guerre entre Perses et Arméniens. Il fut alors enlevé et vendu comme esclave à 7 reprises. En 1797, il fut acheté à Constantinople par l’un des 24 gouverneurs de l’Égypte. Celui-ci l’affranchit et l’intégra dans son corps de cavalerie de mamelouks. A sa mort, il passa au service d’un sheik du Caire, ami du général Napoléon Bonaparte. Peu avant le retour en France de ce dernier, en août 1799, il postula pour passer à son service et fut accepté. Dès lors, sa vie bascula : il suivit comme son ombre le Premier Consul, puis l’Empereur, à travers toute l’Europe, pendant 15 ans, où il fit fonction de garde du corps. Il épousa à Paris Alexandrine Douville, fille du Premier valet de chambre de l’impératrice Joséphine. Roustam fut l’un des rares personnages du Premier Empire à avoir participé à toutes les campagnes, d’Espagne en Russie. Il est présent sur d’innombrables peintures du XIXe siècle, le plus souvent aux côtés de son illustre maître. Il quitta Napoléon après son abdication de 1814. Roustam et son épouse finirent leurs jours à Dourdan, ce qui explique sa présence dans ce cimetière.
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