CHAMONIX-MONT-BLANC (74) : Le cimetière du Biollay consacre le montagnard

Article du Dauphiné - 01 novembre 2011
vendredi 4 novembre 2011
par  Philippe Landru

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Whymper, Rébuffat, Lachenal, Terray, Frison-Roche, et combien d’autres noms d’alpinistes au cimetière du Biollay ? Être enterré ici, c’est aussi avoir sa place à Chamonix.

Au pied du mont Blanc, on dit que pour être un vrai Chamoniard, il faut avoir sept générations enterrées au cimetière du Biollay. D’autres affirment que cinq aïeuls suffisent. Ainsi, dans le moins orthodoxe des cas, il faudrait 125 années d’ancêtres au Biollay pour se revendiquer du cru. Mais qui peut se prétendre “local” quand on sait que le Biollay a été ouvert en 1913 ? Qu’importe les comptes d’apothicaire, la tradition balaie l’arithmétique et le cimetière de Chamonix restera encore longtemps le symbole de l’ancrage éternel au monde de la montagne.

Mais la puissante symbolique ne s’arrête pas là, en ce lieu de repos perpétuel. Si le fait d’avoir ses grands-parents reposant sous les aiguilles de granit consacre la famille au rang de chamoniarde (et que dire lorsque ce sont les trisaïeuls qui y sont ensevelis !), une autre donnée est attachée à ce lopin de terre unique en France (avec le Père Lachaise pour les artistes). Être allongé six pieds sous cette glaise gelée six mois durant suffit sans doute à être montagnard, mais pour être véritablement reconnu ad vitam æternam en tant qu’alpiniste, il faut remplir d’autres conditions.

Whymper, le premier des morts célèbres du Biollay

À moins d’avoir été légitimé par ses pairs de son vivant, la médaille de guide de haute montagne, mieux, le fait d’être membre de la Compagnie des guides, ou encore le terrible décès en montagne, consacrent pour toujours l’alpiniste.

Celui-là, par une coutume séculaire, voit sa tombe non pas marquée d’une stèle de marbre poli, mais d’un bloc de granit grossier, en forme de pic. La tradition veut que la sépulture de l’alpiniste soit sobre, souvent simplement délimitée par quelques cailloux en rectangle et plantée de bruyère. Sinon, une pierre tombale de granit rugueux souligne la rudesse d’une vie d’alpiniste, mais aussi la communion de l’homme (ou de la femme) avec la pureté minérale de la haute montagne.

Un autre niveau encore peut être franchi, lorsque la tombe de l’alpiniste défunt jouxte celles d’autres compagnons d’infortunes verticales. Car dans la petite “société silencieuse” du Biollay, il est des secteurs dédiés aux aventuriers des cimes.

Deux anecdotes. La première concerne le célèbre alpiniste anglais Edward Whymper, qui est mort dans son lit, à Chamonix en 1911. Enterrée dans le petit cimetière du temple protestant local, sa dépouille fut déplacée en 1913, lors de l’ouverture du Biollay, afin qu’il soit le premier alpiniste célèbre enterré dans ce cimetière laïque “de montagne”.

Maurice Herzog, vainqueur de l’Annapurna avec Louis Lachenal, espère, lui, une tombe entre Whymper et Terray. Un problème d’ego pour beaucoup, mais bien difficile à résoudre tant les places sont prisées aux côtés de Whymper.

Pas facile de “faire son trou” à Chamonix, même quand on a eu les plus hautes fonctions…


Commentaires

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« Un héros » par Félicité Herzog - à propos de son père Maurice Herzog
jeudi 27 septembre 2012 à 22h16 - par  Maenglas

A lire : « Un héros », roman par Félicité Herzog , la fille de Maurice Herzog. Voir par exemple, l’émission hebdomadaire « La Grande Librairie » (sur la 5) de ce jour 27/09/2012.

Je n’ai pas encore lu ce livre qui semble très important - au-delà même du petit cercle des alpinistes ou himalayistes - . Mais je reste marqué par le souvenir - j’étais alors un alpiniste jeune, en activité - d’une rencontre avec Gaston Rébuffat au cours de laquelle la question de l’Annapurna était ressortie avec une passion qui m’avait surpris

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