cimetière de LA VILLETTE
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Le cimetière qui se visite aujourd’hui, tout proche du quartier de la Mouzaïa, est le quatrième qui ait existé sur ce qui fut l’ancienne commune de la Vilette : les deux premiers furent fermés en 1806 à l’occasion de l’inauguration du troisième, qui se situait le long de l’actuelle avenue Corentin Cariou. L’actuelle nécropole ouvrit ses portes en 1828 : une tombe existe encore datant de cette époque, celle de François Jean-Baptiste Quintainne, décédé en 1829.
Le cimetière se présente sous la forme d’une équerre d’un peu plus d’un hectare. Une allée ombragée bordée de chapelles en forme l’axe central.
Ici, aucune célébrité de première grandeur n’a jamais été inhumée. Même les « seconds couteaux » sont durs à trouver. Le cimetière ne manque pourtant pas de charme : c’est un enclos pour les habitants du quartier, car les touristes n’y vont pas.
Curiosités
ce cimetière pourrait avoir un thème : les morts accidentelles. Le cimetière possède effectivement un nombre très importants de résidents décédés ailleurs que dans leur lit. Ca et là, nous avons trouvé :
* Juste Mougeot (1846-1864), élève des Arts et Métiers, « mort en sauvant un jeune homme qui se noyait ».
* le soldat Maurice Thiery, tué en 1917 au Chemin des Dames, dont la tombe est ornée d’un très beau buste.
* une violoncelliste « morte accidentellement » en 1960.
* deux des vingt victimes de l’incendie, en 1973, du CES Edouard Pailleron (Marianne Debreux et Nathalie Rohner).
* un homme décédé tragiquement en 1985 dans l’attentat de la rue Riquet.
Et la liste n’est pas exhaustive, loin de là. Comme tous les cimetières des quartiers populaires, les saignées des deux guerres apparaissent sur les tombes.
artisans et ouvriers sont très présents dans ce quartier industrieux, en particulier les bouchers , La Villette et ses abattoirs obligent.
La tombe de François Servant ( 1887-1962 ) , compagnon charpentier du Devoir , et de sa femme Jeanne Servant ( 1888-1961 ) « mère » des compagnons. Une fois par an une délégation de compagnons vient se recueillir sur leur tombe.
Sur une tombe de bibliophile (?), un parchemin minéral cite Victor Hugo : « Les livres sont des amis froids et surs ».
quelques sculptures, assez rares néanmoins
Célébrités : les incontournables...
Même en cherchant bien...
... mais aussi
Le peintre Gabriel ALBINET (1865-1930).
Lucien DESCAVES (1861-1949) : cet écrivain naturaliste français dont l’antimilitarisme de son Sous-Offs, en 1889, fit grand scandale, fut l’un des membres fondateurs de l’Académie Goncourt. Il fréquanta l’élite litteraire de son temps, et fut toute sa vie proche des milieux anarchistes. Avec lui repose son fils, l’écrivain Pierre DESCAVES (1896-1966).
Le peintre catalan Antonio GUANSÉ (1926-2008), qui entama sa carrière
en dessinant des portraits et des paysages de Cerdagne, en particulier des scènes de pêcheurs et de paysans. Il s’installa à Montmartre en 1954 et commença à peindre en Hollande, en Allemagne et en Écosse. Initiateur du langage plastique « nouvelle figuration » en 1959, Antonio Guanse a reçu le Prix de la Critique à Paris en 1962.
Auguste HENG (1891-1968) : ce sculpteur suisse se spécialisa dans les oeuvres dites « coloniales » et participa à la croisière noire d’André Citroën. Il est l’auteur de la pleureuse de pierre qui orne sa tombe.
L’artiste-peintre Laszlo IVANYI, né en 1934, n’est pas décédé mais sa tombe, qui recevra également son compagnon, est déjà prête. Cet artiste propose une oeuvre à caratère homo-érotique (www.laszlo-ivanyi.com).
L’architecte Fernand JOUVENTE (1888-1955).
Le conseilleur municipal et général Gaston PINOT (1877-1936), qui donna son nom à une rue toute proche du XIXe arrondissement.
Le comédien Georges STAQUET (Jules Lehingue : 1932-2011) : mineur de fond dès l’âge de 14 ans, Georges Staquet quitta son Nord natale pour tenter sa chance à Paris, où il suivit une troupe de théâtre. Des années 60 à nos jours, Georges Staquet a joué dans de nombreux films, séries et pièces de théâtre, sous la houlette des plus grands réalisateurs et a donné la réplique aux grands du cinéma. Au cinéma, Georges Staquet s’est illustré dans les films Pierrot le fou (1965) de Jean-Luc Godard, La bonne année (1973) de Claude Lelouch, La Zizanie (1977), Germinal (1992), Le maître d’école (1981), 3 films de Claude Berri et dans IP5 : L’île aux pachydermes de Jean-Jacques Beineix. Il fut également populaire dans les séries Belphégor ou le fantôme du Louvre et Les Rois Maudits. Bref un nom peu connu mais une « gueule » tr_ès populaire du cinéma français. Avec lui repose son épouse et sa muse, l’écrivaine et peintre Tania STAQUET (1934-2010), décédée un an avant lui, quasiment jour pour jour. Leur tombe, au fond et à droite du cimetière, se signale par la présence d’un petit olivier.
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