ABBÉ PIERRE (Henri Grouès : 1912-2007)
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Né à Lyon dans une famille aisée et pieuse, il fut très tôt marqué par l’engagement caritatif de son père auprès des pauvres. Après des études chez les Jésuites, il entra à 19 ans dans l’ordre des Capucins où il mena pendant sept années une vie monastique. Il est ordonné prêtre en 1938, puis nommé vicaire de la cathédrale de Grenoble. À partir d’août 1942, il organisa des passages vers la Suisse de Juifs cachés dans des institutions religieuses de Grenoble. Le confessionnal devint un point de rencontres pour les résistants du Vercors. Il évacua notamment Jacques de Gaulle, frère de Charles, paralysé et recherché. Encouragé par Pierre-Henri Teitgen, qu’il avait connu dans la Résistance, il devint député de Meurthe-et-Moselle, affilié au parti démocrate chrétien (MRP). Réélu trois fois, il devint président du Congrès fédéraliste mondial, puis démissionna du MRP. Il pensait qu’il a été un mauvais député par manque d’intérêt pour les combats politiques, même s’il a représenté les faibles et les victimes au Parlement.
En 1949, encore député, il s’installa dans une grande bâtisse en banlieue parisienne pour accueillir ceux qui en avaient besoin. La maison devint une auberge internationale de jeunesse, baptisée « Emmaüs ». Pour vivre, acheter d’autres terrains, construire des logements, il fallait de l’argent ! Les compagnons d’Emmaüs devinrent chiffonniers. Les communautés se multiplièrent, les cités d’urgence aussi.
Il acquit sa notoriété à partir du très froid hiver de 1954, meurtrier pour les sans-abri.
Il lança le 1er février 1954 un appel mémorable sur les antennes de Radio-Luxembourg (future RTL), qui devint célèbre sous le nom d’« Appel de l’abbé Pierre ».
Le lendemain, la presse titra sur « l’insurrection de la bonté ». L’appel rapporta 500 millions de francs en dons (dont 2 millions par Charlie Chaplin qui dira à cette occasion : « Je ne les donne pas, je les rends. Ils appartiennent au vagabond que j’ai été et que j’ai incarné. »), une somme énorme pour l’époque et complètement inattendue, des appels et courriers qui submergèrent complètement le standard téléphonique de la radio, et des dons en nature d’un volume si immense qu’il fallut des semaines pour simplement les trier, les répartir et trouver des dépôts pour les stocker convenablement un peu partout en France. Le combat de l’abbé Pierre a aussi permis l’adoption d’une loi interdisant l’expulsion de locataires pendant la période hivernale.
Il créa en 1969 Emmaüs International. Il existe aujourd’hui une centaine de communautés en France, soit près de 4 000 compagnons. Le mouvement est présent dans plus de 40 pays et regroupe 376 associations.
Après des obsèques dans la cathédrale Notre-Dame de Paris, en présence de la famille, de nombreux membres du mouvement Emmaüs, ainsi que de diverses personnalités de tous bords ; son cercueil a ensuite été transféré dans la plus stricte intimité vers le village d’Esteville dans la Seine-Maritime, à « La Halte d’Emmaüs »
(maison de repos, foyer de vacances pour personnes âgées, principalement du mouvement Emmaüs) où l’abbé Pierre résida pendant plusieurs années, et où se trouve désormais un lieu de mémoire, propriété de la Fondation Abbé-Pierre. Il repose avec d’autres compagnons d’Emmaüs, dont Lucie COUTAZ (1899-1982), cofondatrice du mouvement, qui fut un pilier très important pour l’organisation, exerçant de fait sa direction administrative.
Voir aussi : l’abbé Pierre à Esteville
Merci à Olivier Camus pour les photos.
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