EMBRUN (05) : cimetière
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Dominé par les montagnes, le cimetière d’Embrun est à taille humaine malgré une superficie honorable : ici comme ailleurs dans les Hautes Alpes, les tombeaux familiaux prennent de la place. Tout comme celui de Gap, il est l’un des cimetières les plus "bavards" qu’il m’ait été donné de visiter : les professions des défunts sont le plus souvent indiquées, intéressante photographie socioprofessionnelle de la ville entre 1850 et 1950.
Curiosités
Quelques anges fatigués qui se détachent cependant bien dans le paysage montagnard.
La tombe du jeune Alain Cornelis, mort accidentellement sur le Pelvoux en 1963, est figuré par un rocher reproduisant le sommet. A ses pieds sont incrustés une corde et un piolet.
La tombe du jeune Georges Verney, mort à deux ans en 1916, ensemble sculptural joliment kitsch.
Dans la tombe de Justin Ricou (+1902) cette épitaphe : Travailleurs ! Il fut des votres. Dans des parages lointains et malgré les vicissitudes de la fortune, il sut conserver le culte de sa Patrie et dans sa patrie il voulut mourir....
Le tombeau Chapuzet, reproduisant une élégante façade de temple néoclassique, est un magnifique conservatoire généalogique à destination de cette famille qui donna plusieurs maires à Embrun. Outre les deux bustes-médaillons d’Auguste Chapuzet et de son épouse, les inscriptions rappellent la mémoire d’un très grand nombre de membres de la familles, de Joseph, périgourdin venu s’installer vers 1680 dans la région avec les armées royales, à plusieurs officiers des armées napoléoniennes, en passant par "le dernier grand prieur de l’abbaye de Boscodon".
Célébrités : les incontournables...
Aucune
... mais aussi
Emile GUIGUES (1825-1904) : percepteur dans la vie civile, il fut également illustrateur et aquafortiste, ayant étudia aux Beaux-Arts, en particulier auprès de Drolling. Il fut un infatigable observateur des Hautes Alpes, dont il peignit, sculpta et grava les paysages de l’embrunais. Sa présence dans le tombeau familial est signalée par une petite plaque contemporaine réalisée par ses descendants, sur laquelle figure un petit profil en bronze le représentant et dont il fut l’auteur. Dans ce caveau repose également Pierre Paul Emile GUIGES (1863-1930), qui fut professeur à la Faculté de pharmacie à Beyrouth.
Clovis HUGUES (1851-1907) : poète, romancier et homme politique français, il proclama en 1871 avec Gaston Crémieux la Commune insurrectionnelle de Marseille. Arrêté, il passa quatre ans en prison. Libéré, il participa en 1879 au Congrès constitutif du Parti ouvrier français (P.O.F.) et se présenta sous cette bannière aux élections de 1881. Il fut un élu de Marseille et entra à la Chambre des députés, devenant ainsi le premier adhérent à un parti ouvrier élu à la Chambre. Il commença à la même époque à publier ses poèmes dans le Le Tambourin et dans La Lune Rousse, hebdomadaire qu’il édita avec André Gill. Clovis Hugues fut réélu à la Chambre en 1885 et se joignit bientôt au mouvement boulangiste. En 1893, il devint député de Paris, conservant son siège jusqu’en 1906. Il continua à publier ses poèmes, romans et comédies, œuvres pleines d’esprit et de vitalité. Fait membre d’honneur du Flourege Prouvençau par Frédéric Mistral, il rédigea de nombreux écrits en provençal et fut majoral du Félibrige. Il fut inhumé à Embrun parce qu’il appréciait son cimetière. Sa tombe se signale non seulement par sa dalle ouvragée, la lyre du poète entrelacée de fleurs, mais également par un buste de son épouse, la sculpteur Jeanne ROYANNEZ-HUGUES (1855-1932), dont je n’ai pas la certitude de la présence ici. Sur la stèle supportant le buste sont portés les titres des recueils de poème du défunt.
Edouard PRZYBYLSKI (1920-1993) : engagé dans la Marine, il rallia les
FFL dès juin 1940. Il prit part à de nombreuses campagnes en Afrique et au Moyen-Orient et fut blessé à El Alamein. Il s’illustra par la suite en Italie puis dans la Campagne de France. Gravement blessé à plusieurs reprises, il fut fait Compagnon de la Libération en 1946.
Auguste THOUARD (1859 - 1925) : avoué d’Embrun mais également félibre, il fixa le parler Embrunais dans un recueil de contes publié en 1910 : Quand me bressavoum (quand on me berçait).
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