Le nouveau paysage du cimetière de Deauville
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Je ne boude pas mon plaisir en vous offrant cette « promotion » d’un genre nouveau : me voici propulsé « tatophile » !!! J’ignore pour l’instant en quoi cela consiste exactement, mais je vais travailler le dossier !
Une nouvelle extension paysagère inaugurée hier rompt avec l’image traditionnelle des tombes en enfilade entourées d’allées gravillonnées. Dix-huit ans que ce projet tardait à se dessiner.
Comme le note un certain Landru, tatophile émérite dont le site « Cimetières de France et d’ailleurs » semble avoir déterré un tas de petits secrets nécrologiques, l’endroit surprend « par sa simplicité ». Exceptée peut-être une sépulture flanquée d’un Christ doré à l’entrée, ni faste ni ostentation sur ces hauteurs grimpant vers le Mont-Canisy. Guère plus de célébrités d’ailleurs : l’actrice Claudine Dupuis, Maurice Goudeket (3e époux de Colette), Mike Marshall (fils de Bill Marshall et Michèle Morgan) et le boxeur Max Robert sont les seules vedettes des lieux.
Onze divisions, classées de A à K, sont découpées par les allées. Au pied du monument aux morts, 72 tombes militaires datant de la Première Guerre mondiale. À leur gauche, reposent les soeurs franciscaines. D’après un employé, 2 000 à 2 500 sépultures garniraient le périmètre, à raison d’une cinquantaine supplémentaire par an. Au sein de toutes ces tombes, trois columbariums de chacun neuf places joliment fleuris. À Deauville comme ailleurs, la crémation gagne du terrain. D’après Guillaume Capard, maire adjoint, elle a progressé de « 12 % » sur la traditionnelle inhumation.
« Il a fallu tout reprendre à zéro »
Tout au fond, à gauche, un passage mène à la toute nouvelle et ravissante extension, à l’entrée de laquelle, dans un petit recoin, repose l’ancien ministre Michel d’Ornano. Une porte communique avec la propriété de son épouse, qui a décidé de faire don de ce petit hectare de friche aujourd’hui transformé en cimetière paysager. Au milieu des arbres, reposent trois nouveaux colombariums, cent caveaux de deux places, ainsi qu’un jardin du souvenir voué à accueillir les cendres des futurs défunts.
Une seconde phase prévoit l’aménagement de cent caveaux supplémentaires. « Cela se fera au fil des besoins », résume le maire Philippe Augier, soulagé d’enfin pouvoir inaugurer cet espace. Depuis le legs de cet endroit, moult tracas ont contrarié ce projet. « La législation est très compliquée pour les cimetières », confirme l’adjoint au maire Guillaume Capard, qui cite pêle-mêle : « Des hydrogéologues ont cherché des sources. Il a fallu une enquête publique car le terrain est à cheval entre Deauville et Tourgéville. Les études sur les arbres ont aussi été retardées : le premier référent avait perdu son agrément et le second est décédé après l’inventaire... »
S’ajoutent à la liste, des eaux potentiellement dangereuses pour l’hippodrome et une histoire de voisinage pour un souci de clôture. « Il a fallu tout reprendre à zéro » résume Philippe Augier. Coût de l’opération : quasi 18 ans d’études ou procédures et 390 000 €. Un combat reste encore à mener : limiter l’accès aux voitures. Quatre à cinq franchiraient la grille quotidiennement.
Raphaël FRESNAIS
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