MONTÉHUS Gaston (Gaston Brunswick : 1872-1952)

Père Lachaise - 87ème division, case 681
mardi 26 janvier 2010
par  Philippe Landru

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Né peu après la Commune, il fut élevé dans un contexte post-communard, ce qui explique son engagement politique à gauche. « Révolutionnaire cocardier » comme il aimait à se présenter lui-même, il a été du côté des « damnés de la Terre » dont parle Eugène Pottier dans L’Internationale.

Il commença à chanter en public à 12 ans, en 1884, adoptant alors son pseudonyme, plus facile à porter que son nom dans un contexte de fort antisémitisme. Sa chanson Gloire au 17ème, en l’honneur du régiment de soldats qui refusa de tirer sur une manifestation de vignerons à Béziers, le fit connaître en 1907.

Salut, salut à vous,
Braves soldats du 17ème ;
Salut, braves pioupious,
Chacun vous admire et vous aime ;
Salut, salut à vous,
À votre geste magnifique ;
Vous auriez, en tirant sur nous,
Assassiné la République.

Dans ses chansons au style vif, entraînant, Montéhus s’oppose à la guerre, à l’exploitation capitaliste, à la prostitution, à la misère, à l’hypocrisie religieuse, mais aussi à l’impôt sur le revenu. Il défendit également la cause des femmes d’une façon remarquable : La grève des Mères fut interdite par décision de justice en octobre 1905 et Montéhus condamné pour « incitation à l’avortement ».

Montéhus entretint des relations avec Lénine : il chantait en première partie de ses meetings, lors de l’exil parisien de l’activiste bolchevique, afin d’attirer un public important. Durant la Première Guerre mondiale, Montéhus, comme beaucoup d’autres, a changé radicalement d’opinion politique. Il s’est fait le chantre zélé de l’Union Sacrée et a chanté des chansons militaristes :

Nous chantons La Marseillaise
Car dans ces terribles jours
On laisse L’Internationale
Pour la victoire finale
On la chantera au retour

Montéhus a connu après la guerre une disgrâce assez longue. Il cessa d’enregistrer jusqu’au Front populaire. Dans les années 1930, il adhèra à la SFIO. À l’avènement du Front populaire, à l’âge de 64 ans, Montéhus fut de nouveau sur le devant de la scène avec Le décor va changer, Vas-y Léon !, Le Cri des grévistes, L’Espoir d’un gueux, chansons dans lesquelles il soutint le Front populaire et Léon Blum. Sous le régime antisémite de Vichy, Montéhus ne fut pas déporté mais il fut contraint de porter l’étoile jaune de 1942 à la Libération. En 1944, il écrit le Chant des Gaullistes.


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