DE GEYTER Pierre (1848-1932) et Adolphe (1859-1916)

Cimetière de Saint-Denis (93) et cimetière de Lille-Sud (59)
dimanche 6 décembre 2015
par  Philippe Landru

Deux frères ennemis pour une chanson qui fit le tour du Monde !

- Pierre DE GEYTER (1848-1932) : ouvrier et musicien belge, il resta célèbre pour avoir composé la musique de L’Internationale. Il s’agissait d’une commande du Parti ouvrier français destinée à mettre en musique un poème d’Eugène Pottier de 1871 pour en faire le chant de lutte du parti. L’œuvre fut signée simplement « Degeyter », aussi son frère Adolphe lui intenta un procès en 1904 (qu’il perdit) pour lui contester la paternité de cette musique. Le chant fut un succès immédiat, d’abord en France, puis dans le monde entier. Il fut adopté en 1889 comme hymne de la Deuxième Internationale. Lors de la scission entre socialistes et communistes, Pierre choisit les seconds. Le chant devint l’hymne national de l’URSS. Pierre fut l’invité d’honneur de Staline à Moscou en 1927, lors des célébrations du dixième anniversaire de la Révolution d’octobre. Staline lui accorda à cette occasion une pension d’État. Il mourut pourtant dans une certaine indigence. Ses funérailles, au cimetière communal de Saint-Denis (93), furent pourtant suivies par 50 000 personnes. Sur sa tombe figurent la faucille et le marteau.

- On dit qu’Adolphe (1859-1916) s’attribua l’Internationale pour punir son aîné d’avoir quitté le Parti ouvrier (et d’avoir suivit la dissidence qui donna le parti communiste). Il semblerait en réalité que ce soit le puissant député-maire Gustave Delory qui ait été aux commandes politiques de cette attribution. Adolphe se suicida et laissa une lettre qui désignait Pierre comme seul compositeur de la fameuse musique. Cette fin tragique prit une tournure encore plus pathétique en 1922 : la Cour d’appel de Paris ordonna que soit effacée sur la tombe d’Adolphe De geyter toute référence à l’Internationale. Il repose en bordure de division, au cimetière de Lille-Sud (59) (44ème division).

Au final, une postérité bien amère pour les deux frères : une brouille durable, une attribution bien tardive à son auteur (il avait alors 74 ans !) et aucun droits-d’auteur. Quant à Adolphe, pas même une photo sur le net pour illustrer son portrait !


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