DAUDET Philippe (1909-1923)

Père Lachaise - 41ème division
mardi 14 juillet 2009
par  Philippe Landru

Fils de l’écrivain, journaliste et militant royaliste français Léon Daudet et petit-fils de l’écrivain Alphonse Daudet, il mourut à l’âge de 14 ans dans des circonstances mystérieuses (suicide ? assassinat ?). Sa mort suscita de vives polémiques entre l’Action française et les anarchistes, la police et le gouvernement républicain.

Jeune fugueur, Philippe Daudet se présenta sous un faux nom à Georges Vidal, l’administrateur du Libertaire (quotidien anarchiste) le 22 novembre 1923. Il lui confia sa sympathie pour l’anarchisme et lui fit part de son intention de commettre un attentat contre Raymond Poincaré (président du Conseil), ou Alexandre Millerand (alors président de la République). Le lendemain, il reformula ses désirs d’assassinat politique à Le Flaouter, libraire anarchiste, pornographique et indicateur de police. Ce dernier tenta de l’en dissuader, lui demanda de revenir dans l’après-midi et prévient le Contrôleur Général de la Sûreté Générale de ses intentions.

Le 24 novembre 1923, vers 16 heures, le taxi dans lequel se trouvait Philippe Daudet s’arrêta brusquement sur le boulevard Magenta, à hauteur du 126, après avoir entendu un coup de feu. Le chauffeur constata que son client a été atteint d’une balle à la tête. Philippe Daudet décède deux heures plus tard à hôpital Lariboisière, anonymement. Son père, Léon Daudet, reconnut le cadavre le surlendemain.

La Sûreté Générale conclut très vite à un suicide, mais Léon Daudet ne crut pas à cette thèse. Ayant été l’objet de différentes menaces, il opta plutôt pour un complot anarchiste car il avait lui-même été la cible d’un attentat en février de la même année (ce fut finalement Marius Plateau, secrétaire général de l’Action française, qui fut tué.

L’autopsie ne permit pas de tirer de conclusion définitive sur ce qui avait causé la mort du jeune Daudet. Cet événement déclencha la colère de Léon Daudet qui écrivit de nombreux articles dans L’Action française où il dénonça violemment la Sûreté Générale, le chauffeur de taxi, le libraire Le Flaoutter et même le gouvernement républicain. Ces attaques confuses lui causèrent des ennuis judiciaires.

Ainsi, Léon Daudet reçut une plainte en diffamation de la part du chauffeur de taxi, ce qui lui valut d’être condamné à 5000 francs d’amende et cinq mois de prison. Après une reddition spectaculaire, il fut incarcéré à Prison de la Santé le 13 juin 1927. Grâce à l’intervention des Camelots du roi, il parvint à s’évader à la suite d’un faux coup de téléphone et s’enfuit en Belgique. Suite à cette évasion rocambolesque, la presse française ridiculisa le ministère de l’Intérieur et la Sûreté Générale. Daudet fut gracié par Daladier le 30 décembre 1929 et il rentra en France.

Si l’affaire Philippe Daudet suscita d’autres procès, la mort du jeune homme ne fut jamais élucidée. Les autorités ont maintenu la thèse du suicide, mais la famille Daudet et l’Action française ont toujours maintenu qu’il s’agissait d’un meurtre à caractère politique ou d’un complot impliquant leurs adversaires anarchistes ou républicains. Les anarchistes s’étaient très tôt dissociés de l’affaire, prétextant n’avoir jamais été en contact avec Philippe Daudet avant la journée précédant sa mort. Pour ce qui est du complot républicain, rien ne permet d’en accréditer la thèse, mais il est certain que Léon Daudet était dérangeant (il venait d’être élu député de Paris), ayant même provoqué la démission de certains ministres par ses articles incendiaires.

Il repose au centre de la 41ème division, dans un tombeau dans lequel se trouve, parmi plusieurs membres de la famille Daudet, sa mère, Marthe ALLARD-DAUDET (1878-1960), qui sous le pseudonyme de Pampille fut journaliste à l’Action française, et qui publia divers ouvrages de mode et de cuisine ; ainsi que son demi-frère Charles DAUDET (1892-1960), que Léon Daudet avait eu de Jeanne Hugo.


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