CHÂTENAY-MALABRY (92) : ancien cimetière
par
De taille très modeste, le cimetière ancien de Chatenay-Malabry est très agréable à visiter : non seulement un certain nombre de tombeaux anciens ont été sauvegardés, mais la petite nécropole abrite la dépouille de plusieurs personnalités intéressantes.
Curiosités
Sur le mur de droite à l’entrée du cimetière se trouve la pierre tombale d’Alexandre Jean Marie Delarrard, noble, propriétaire du château de la petite Roseraie pendant la Révolution et décédé le 15 février 1812, qui s’avère être la plus ancienne tombe présente dans ce cimetière qui ouvrit ses portes en 1811.
L’étonnante chapelle en brique Bisson-Baudin, datant de la moitié du XIXe siècle, surmontée de la ruine d’un monument qu’il est aujourd’hui difficile d’identifier.
Une tombe d’un jeune poilu indique pour épitaphe « Innocente victime de la vanité, de la cruauté et de la bêtise des hommes ».
Une vierge polychrome sur une sépulture anonyme.
Célébrités : les incontournables
Paul LÉAUTAUD
Emmanuel MOUNIER
… mais aussi
Lucien BAZOR (1889-1974) : fils d’un graveur et ancien élève de Patey, il reçut le Grand Prix de Rome en gravure de médailles en 1923. En 1930, il succèda à Patey au poste de Graveur général des monnaies, qu’il occupa jusqu’en 1958. Il est connu en particulier pour avoir gravé une pièce de 5 francs en 1933, dite la Bazor, mais également les pièces Francisques dans les années 1942-1944. Sa tombe est ornée d’un médaillon en bronze par Robert Cochet.
Le peintre Jean FAUTRIER (1898-1964), qui fut avec Jean Dubuffet, le plus important représentant du courant de l’art informel en France. Il se fixa à Paris après la guerre et exposa pour la première fois en 1921. sa peinture évolua rapidement vers une figuration allusive, utilisant une gamme de couleurs très sombre et un dessin incisif dans des natures mortes et des paysages. Il abandonna par la suite la peinture à l’huile et rechercha une expression plus instinctive de la réalité à l’aide de l’aquarelle et du pastel, dans un graphisme plus léger. Il réalisa à partir de 1943 la série des Otages, pour laquelle il trouva son style et sa technique définitifs, en mettant l’accent sur la matière comme première source d’inspiration. Fautrier mit ensuite au point un procédé de reproduction mêlant chalcographie et peinture, les « originaux multiples », exposés en 1950 à Paris, puis à New York en 1956. Jusqu’à sa mort, Fautrier ne composa plus que des tableaux géométriques où se superposent stries, lignes et grilles.
L’architecte Georges FELUS (1921-2015), ancien combattant au sein de la 2DB. On lui doit en particulier la réalisation du nouvel hôtel de ville d’Antony, inauguré en 1970.
Henri de LATOUCHE (Hyacinthe Thabaud de Latouche : 1785-1851) : homme de lettres, auteur de comédies et de romans, Henri de Latouche fut également l’un des journalistes les plus brillants de son temps. Il défendit ses idées républicaines au moment des Trois Glorieuses, en 1830, dans le journal satirique Le Figaro. Poète lui-même, il aida aux débuts de George Sand, édita les poésies d’André Chénier et traduisit Goëthe, Hoffmann et Shakespeare. Il fut l’amant de la poétesse Marcelline Desbordes-Valmore. Il repose dans la plus imposante chapelle du cimetière (en pierre et en brique). Elle abrite la tombe en elle-même, qui est ornée d’un médaillon en bronze par David d’Angers qui était son ami. Sa compagne, Pauline de Flaugergues, lui fit élever ce tombeau dans la crypte duquel elle déposa sur des étagères des livres et des souvenirs de l’écrivain. La tombe fut cambriolée en 1916 et tous les objets disparurent.
Le violoniste Gabriel MOGEY (1893-1915), ancien Premier Prix de Conservatoire, qui mourut à Verdun.
Dans un même tombeau reposent l’écrivain Joseph Félix MONIER (1856-1926), « fondateur de l’Association internationale biocosmique », son fils, le statuaire Emile Adolphe MONIER (1883-1970), qui fut l’un des principaux médaillistes Art-déco et qui connut un grand succès dans les années 30 (à l’occasion de l’Exposition Coloniale de 1931, l’Hôtel de la Monnaie lui commanda la réalisation d’une série de médailles en bronze représentant les colonies françaises d’Afrique Occidentale) et la peintre Maggy MONIER (Marguerite Monier : 1887-1965), dont les aquarelles illustrèrent plus d’un ouvrage. La tombe est ornée de trois médaillons réalisés par Emile Monier pour ses parents et son épouse.
2017 : lors d’une nouvelle visite, je constate avec consternation le vol d’un des médaillons.
André PIETTRE (1906-1994) : juriste et économiste, il inaugura sa carrière universitaire à Strasbourg, en 1937. Fait prisonnier lors de la défaite de 1940, il fut rapatrié sanitaire à la fin de 1942 et enseigna à Clermont-Ferrand de 1943 à novembre 1945. La paix le ramena à sa première chaire, et il fut élu en 1952 doyen de la faculté de droit et des sciences économiques de Strasbourg. Il enseigna ensuite à Paris de 1953 à sa retraite en 1976. Il entra à l’Académie des sciences morales et politiques en 1971. Sa pensée fut marquée par un profond humanisme chrétien.
Le sculpteur Paul THEUNISSEN
Jules SÉBILLE (1857-1942), commissaire de police qui fut le premier dirigeant opérationnel des Brigades régionales de police mobile (les fameuses "brigades du Tigre), services à l’origine de la police judiciaire contemporaine.
Merci à Olivier Camus pour la photo Sébille.
Commentaires