CHÂTENAY-MALABRY (92) : nouveau cimetière
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S’il n’a pas le charme de l’ancien cimetière de Châtenay, cette nécropole à pour elle de conserver les dépouilles de deux philosophes qui marquèrent profondément leur discipline.
Curiosités
Dans ce cimetière où la dalle horizontale est de mise, un tombeau se remarque : celui du mécanicien aviateur Jean Frignac qui mourut en 1952 lors du décollage du terrain de Bron-Lyon. Cet accident fit sept victimes, dont l’aviatrice Maryse Bastié. Jean Frignac repose sous une paire d’ailes massive, parement funéraire assez classique pour les aviateurs.
Célébrités
Vladimir JANKÉLÉVITCH (1903-1985) : issu d’une famille juive russe s’étant installé en France suite aux pogroms, ce philosophe débuta sa carrière universitaire à Toulouse, puis à Lille, mais perdit sous l’occupation sa nationalité française et son poste d’enseignant. Professeur à la Sorbonne après la Libération, il mena dans ses ouvrages une réflexion tant philosophique qu’esthétique. Il aborda des thèmes souvent délaissés par la philosophie (tel l’ennui, ou encore le mensonge). Influencé par Bergson, dont il a été le continuateur et à qui il a consacré son premier ouvrage, Jankélévitch a également développé une réflexion sur l’existence de la conscience dans le temps. Il fut en outre un musicologue reconnu. Sa tombe est devenue quasiment illisible.
- 2022 : cure de rajeunissement de la tombe à nouveau lisible.
Paul RICOEUR (1913-2005) : la découverte de la phénoménologie de Husserl fut déterminante dans sa carrière de philosophe. Après l’obtention de l’agrégation, il commença à enseigner à Colmar. Attaché au CNRS après la guerre, il publia en 1947 son premier ouvrage Karl Jaspers et la philosophie de l’existence puis devint professeur à la Sorbonne, puis doyen de l’université de Nanterre, poste qu’il abandonne en 1970, après son agression par des gauchistes. Lassé de la vie intellectuelle et politique française, il enseigna aux Etats-Unis durant trois longues années. De retour à l’université de Nanterre, il devint professeur émérite et continua à enseigner et écrire de nombreux ouvrages. L’herméneutique comme méthode interprétative singulière et complexe reste la problématique fondamentale du philosophe.
Reposent encore dans ce cimetière :
Jean AMSLER (1914-2005) : professeur d’allemand, il fut spécialiste de l’œuvre du romancier allemand Günter Grass dont il fut le traducteur. Grand voyageur, il publia une Histoire Universelle des Explorations.
Olivier ANTIGNAC (1957-1994), qui fut membre et interprète du groupe des Poppys, formation issue de la chorale des Petits Chanteurs d’Asnières crée en 1946 par Jean Amoureux. Né dans la mouvance hippie des années 1970, en pleine guerre du Viêt Nam, leurs chansons mettaient en avant l’amour, l’incompréhension face à la guerre et la violence des adultes, la fraternité, la paix, l’écologie mais aussi la religion. Sa présence ne figure pas sur la tombe familiale qui va bientôt disparaître, la concession n’étant pas renouvelée par la famille.
L’écrivaine Jehan D’IVRAY (Jeanne Puech : 1863-1940, épouse d’un Egyptien qui partit vivre dans ce pays. Après la mort de son mari en 1919, elle retourna vivre en France, après 40 ans de vie en Égypte : s’installa à Paris et y tint un salon littéraire regroupant des Français et des Égyptiens. Elle fut l’auteure de nombreux ouvrages, dont beaucoup relatifs à l’Égypte ou à l’Orient, et aux femmes. Féministe, elle contribua à la revue féminine L’Égyptienne. Elle écrivit aussi quelques romans populaires exotiques.
Otto WELS (1873-1939) : député du Parti social-démocrate (SPD) de 1912 à 1933, il en fut le président de 1919 à 1939. Lors de la séance du Reichstag du 23 mars 1933, il fut le seul orateur à s’opposer à l’adoption de la loi des pleins pouvoirs voulue par les nazis. Il fut déclaré apatride trois mois après la dissolution du parti par les Nazis, et s’exila en France.
Merci à Olivier Camus pour le complément photo.
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