POLIN (Paul Marsalès : 1863-1927)

Père-Lachaise - 85ème division
mercredi 31 décembre 2008
par  Philippe Landru

Le 13 août 1863 naît à Paris Paul Marsalès (son véritable nom) : rien dans sa famille ne le prédestine aux planches et il entame des études de dessin et entre à l’Ecole de tapisserie. Pourtant, sa véritable passion est la chanson : aussi abandonne-t-il cette voie pour entrer au café-concert en 1886. L’année suivante, il signe avec l’Eden-Concert où il reste 5 ans. C’est là qu’il développe son personnage de « pioupiou » naïf qui fera sa carrière.

En 1892, il quitte l’Eden-Concert pour l’Alcazar d’Eté et les Ambassadeurs, deux caf’concs’ réputés. Sa carrière est définitivement lancée : il alterne toutes les grandes salles de spectacles de la capitale avec des tournées en province. Deux Marseillais le découvrent à cette occasion et l’imitent à leur début : Jules Muraire (Raimu) et Fernand Contandin (Fernandel). Les plus fameux auteurs composent pour lui (Scotto, Christiné, Bousquet...). A la même époque, il commence à jouer au théâtre où il connaît un grand succès. 1907 est l’année charnière : celle de son plus grand succès, la Petite Tonkinoise, mais aussi de son investissement dans l’opérette et au théâtre, jouant même à la Comédie Française en 1908. Non mobilisable, il poursuit ses tours de chant au profit des soldats et entame en 1916 une carrière cinématographique sans lendemain. Après la guerre, le caf’conc’ n’étant plus autant en vogue, il se consacre surtout au théâtre et à l’opérette. De 1921 à 1926, il joue avec Sacha Guitry au théâtre Edouard VII.

Il meurt le 3 juin 1927. Ses obsèques ont lieu à Paris, en l’église Saint-Louis d’Antin, où amis et admirateurs sont venus en masse lui apporter un dernier hommage. Il est ensuite inhumé dans le caveau de famille du Père-Lachaise. Sa tombe est ornée d’un minuscule et très discret bas-relief le représentant.

Son personnage

Polin n’est pas le créateur du personnage de comique troupier (il l’a emprunté à Ouvrard, comme beaucoup d’autres à l’époque). En ces années revanchardes, il incarne le piou-piou, ou tourlourou, c’est-à-dire le soldat français populaire par sa simplicité et sa naïveté, reconnaissable à son uniforme d’avant 14 (dont le très peu discret pantalon rouge). Il y ajouta un accessoire qui fit son style : le mouchoir à 64 carreaux ! Son répertoire reposa sur quelques ressorts simples : les blagues entre conscrits, les ordres mal compris, les amourettes de permission... Parfois légèrement grivoises, les chansons de Polin pouvaient prendre un tour plus touchant avec la nostalgie du pays, les plaisirs simples...

Sa postérité : des centaines de titres que Polin a chantés, la majorité est totalement oubliée. Certaines sont restées en mémoire car elles furent reprises par d’autres (il en est ainsi de la Petite Tonkinoise, reprise parJoséphine Baker, ou de la Caissière du Grand-Café, reprise par Fernandel). Beaucoup l’imitèrent à leurs débuts, comme Raimu et Fernandel, mais également Jean Richard. Pour nous, il est devenu une icône de la Belle Epoque.

Une postérité imprévue : Polin créa Avec l’ami Bidasse, chanson dans laquelle il décrit ses errances avec un copain de régiment portant ce nom. La chanson fut si populaire que le mot Bidasse entra dans le dictionnaire dès les années 30 pour désigner le soldat de base.


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POLIN (Paul Marsalès : 1863-1927)
mercredi 27 novembre 2013 à 13h51 - par  M.C.

R.I.P. POLIN ... :-)