GARNIER Francis (1839-1873)

Place Camille Jullian - Paris VI
mercredi 31 décembre 2008
par  Philippe Landru

Voilà un monument insolite que peu de Parisiens associent à une tombe, bien qu’elle en soit une. Au niveau du métro Port Royal, une statue monumentale de Denys Puech que l’on regarde à peine et qui marque un rond-point de circulation pour les automobiles, est en réalité la tombe de Francis Garnier, qui marqua le début de la présence coloniale française dans ce qui allait devenir l’Indochine.

Après ses études à l’Ecole Navale, il fut promu au grade d’enseigne de vaisseau et participa à la prise de Pékin et au sac du Palais d’Eté par les troupes franco-britanniques. Admis dans le corps de l’Inspection des Affaires indigènes en 1863, il fut nommé administrateur à Cholon (actuel quartier chinois de Saïgon) et publia ses premiers ouvrages documentaires, La Cochinchine et De la colonisation de la Cochinchine. Nommé second du commandant Doudart de Lagrée, Francis Garnier participa à l’exploration du Mékong. Une révolte locale l’obligea à s’écarter du fleuve avec une partie de sa troupe, laissant derrière lui Doudart de Lagrée, malade. Il apprit la mort de son supérieur à son retour, et prit tête de l’expédition qui atteignit la vallée du Yang-Tsé-Kiang, poursuivant jusqu’à Shangaï, avant de regagner Saïgon le 29 juin 1868.

Il fut affecté au « dépôt des cartes et plans de la Marine » à son retour en France, et rédigea le rapport de sa campagne en Cochinchine. Il devint membre de la société géographique et partagea la Médaille d’Honneur du Congrès de Géographie avec Livingstone en 1871. Chef d’Etat-major de l’Amiral Mequet durant la guerre de 1870, Francis Garnier remit son rapport définitif en 1872, sollicita un congé de trois ans sans solde afin de repartir en Chine, et s’installa à Shangaï avec sa jeune épouse.

L’amiral Dupré, gouverneur de la Cochinchine, le rappella au bout de six mois et lui donna les pleins pouvoirs pour régler un différend opposant quelques colons français aux rebelles au Tonkin. Garnier atteignit Hanoï en novembre 1873 à la tête d’une troupe de deux cent hommes et quatre canonnières. La citadelle fut attaquée par les « Pavillons Noirs », le 21 décembre, alors que les négociations étaient sur le point d’aboutir. Francis Garnier trouva la mort en tentant de franchir une digue dans les rizières pendant qu’il poursuivait des assaillants qui se repliaient.

Ses compagnons retrouvèrent son corps décapité. Sa dépouille fut inhumée à Saïgon en 1875, à coté de la tombe de Doudart de Lagrée, dans le cimetière de Massiges. Les corps de Francis Garnier et de Doudart de Lagrée furent exhumés dans la nuit du 1er au 2 mars 1983, puis crématisés. Les urnes furent remises au consul général de France à Ho-Chi-Minh ville et transférées en France sur la Jeanne d’Arc. Les cendres de Francis Garnier furent enchâssées dans le socle du monument situé sur la place Camille Jullian, à la rencontre du boulevard Saint-Michel et de la rue d’Assas le jeudi 23 avril 1987. Une plaque à l’arrière du monument relate cette translation. [1]

Son épouse, Alexandrine Knight, repose au cimetière protestant de Nîmes.


[1Celles de Doudart de Lagrée furent ramenées dans son village natal de Saint Vincent de Mercuze (38) où elles furent déposées dans la vieille église de la commune où reposait déjà son coeur.


Commentaires

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GARNIER Francis (1839-1873) et Henri RIVIERE
lundi 11 mai 2015 à 10h47 - par  schiettekatte

J’aimerais savoir où se trouve la plaque commémorative ou monument comme écrit sur les anciennes cartes de Hanoi. à Hanoi prés du pont de papier (cau giay en viet) J’aimerai la retrouver sur place.
Merci d’une réponse.
Je recherche la même chose sur Henri Rivière.

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mercredi 8 juin 2016 à 16h47 - par  Philippe Landru

@schiettekatte : je serai intéressé par la photo de sa tombe, qui est sans doute la 1ère tombe d’Henri Rivière, mort à Hanoï en 1883. Effectivement, il fut depuis transféré au cimetière Montmartre à Paris, où il repose dans la 13ème division.

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mercredi 8 juin 2016 à 16h12 - par  schiettekatte

J’ai retrouvé la tombe de Henri Rivière. elle se trouve au 155 de la rue CAU GIAY à Hanoi aprés le pont de papier sur la gauche. Il serait tellement interressant d’y mettre une plaque commemorative. j’ai les photos de la tombe.